Le ministre guinéen des Mines, Moussa Magassouba, a récemment été accusé de favoritisme envers une entreprise locale, la Guinéenne de Prestation et de Commerce (GPC), lors d’un appel d’offres pour un marché. Cette accusation a été liée à une prétendue lettre de recommandation du ministre en faveur de GPC. Cependant, GPC a nié ces allégations et a affirmé avoir été sélectionnée suite à un appel d’offres international avec la participation de 15 entreprises, en tant que seule entreprise locale. Selon GPC, la recommandation du ministre en sa faveur était basée sur son respect du contenu local, une priorité du gouvernement guinéen.
Le respect du contenu local est un enjeu crucial pour les pays riches en ressources naturelles. De nombreux pays africains ont adopté des mesures similaires, visant à favoriser le développement du particularisme local. Le Code minier communautaire de l’UEMOA et la Directive de la CEDEAO prévoient des obligations similaires. Dans le secteur de la construction, les Codes des marchés publics de nombreux pays contiennent des mesures de contenu local.
En Guinée, le gouvernement s’est fixé pour objectif d’atteindre 30% de participation guinéenne dans les activités minières d’ici 2025, pour garantir que les bénéfices économiques de l’exploitation minière restent dans le pays et profitent à sa population. Cependant, cela soulève des questions concernant la capacité des entreprises locales à rivaliser avec les entreprises multinationales en termes de capacités techniques et financières, ainsi que la qualité et la fiabilité de leurs produits et services.
Le développement économique de la Guinée dépend fortement de son secteur minier, qui possède des réserves considérables en bauxite, en or, en diamant et en fer. Toutefois, l’industrie minière en Guinée a longtemps été dominée par des entreprises multinationales étrangères, qui ont exploité les ressources sans impliquer les populations locales. Comment le contenu local peut-il contribuer à favoriser la participation des entreprises locales dans l’industrie minière en Guinée, et permettre un partage équitable des bénéfices avec les acteurs locaux, alors que cette industrie est dominée depuis longtemps par des entreprises multinationales étrangères exploitant les ressources sans impliquer les populations locales?
Malgré la controverse autour de la recommandation du ministre en faveur de GPC, le respect du contenu local est crucial pour le développement économique de la Guinée. En encourageant la participation des entreprises locales dans l’industrie minière, le contenu local offre des avantages tels que la création d’emplois locaux, le renforcement des capacités et des compétences des entreprises locales, la stimulation des investissements et la croissance économique durable.
Le contenu local est une politique visant à stimuler le développement économique local en obligeant les entreprises étrangères à utiliser une certaine proportion de fournitures et de travailleurs locaux dans leurs projets. Bien que cela puisse sembler bénéfique pour les pays en développement, la question de savoir si cela constitue du favoritisme est débattue.
D’un côté, les partisans du contenu local affirment que cela encourage la création d’emplois et le transfert de compétences aux travailleurs locaux, ce qui peut aider à réduire la dépendance aux importations et stimuler la croissance économique. De plus, ils estiment que cela est nécessaire pour protéger les industries locales et éviter l’exploitation des ressources naturelles par les entreprises étrangères sans aucune contribution au développement local.
D’un autre côté, les critiques affirment que le contenu local peut entraîner une augmentation des coûts de production pour les entreprises étrangères, les forçant à augmenter les prix pour les consommateurs locaux. Cela peut également décourager les investissements étrangers dans les pays en développement, car les entreprises étrangères peuvent préférer investir dans des pays où il y a moins de restrictions. En outre, certains critiquent le contenu local pour favoriser les entreprises locales au détriment de la concurrence internationale.
En fin de compte, la question de savoir si le contenu local pour les pays en voie de développement est du favoritisme est complexe et sujette à débat. D’un côté, cela peut favoriser l’industrie locale et stimuler l’économie, mais de l’autre, cela peut entraver la concurrence et l’innovation. Alors, quelle est la meilleure approche pour promouvoir le développement économique dans les pays en voie de développement tout en garantissant une concurrence équitable et en encourageant l’innovation ? Cette question reste ouverte et nécessite une analyse approfondie des avantages et des inconvénients de diverses politiques et stratégies.
Ousmane Boh KABA