Sidya Touré était dans tous ses états lors de l’assemblée générale de son parti du 02 avril 2016. Cette agitation faisait suite à la décision de l’UFDG et des autres partis de l’opposition de refuser à son parti toute prétention de siéger dans les démembrements de la CENI en occupant les sièges dévolus à l’opposition.
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En effet, faut-il rappeler que les places dans les démembrements, en ce qui concerne les partis politiques, sont réparties sur la base de quota entre mouvance et opposition. Sont considérés comme partis de l’opposition, selon l’article 30 de la loi portant charte des partis politiques, les partis politiques qui ne font pas partie du gouvernement ou qui ne le soutiennent pas. Or, l’UFR n’est plus un parti d’opposition du fait que son leader est devenu Haut représentant du Président de la République et qu’il dispose en plus d’un ministère dans le gouvernement. Au demeurant, Sidya Touré le reconnait lorsqu’il déclare que sa position de Haut représentant du chef de l’Etat, parce qu’elle est donnée au président de l’UFR, est une position politique qui scelle une forme d’alliance avec le pouvoir.
Mais la société guinéenne est devenue si permissive que même la loi ne peut plus gérer l’émotion et la morale. C’est ainsi que la CENI, bridée par le pouvoir et connue pour ses turpitudes, se conduit en auxiliaire de Sidya Touré en voulant imposer l’UFR dans la liste de l’opposition. Le refus catégorique de cette manœuvre vaudra à l’UFDG le discours venimeux du samedi dernier.
En effet seule l’amertume peut inspirer Sidya Touré à qualifier l’UFDG de parti à pensée unique. Il faut être bien ingrat pour oublier l’ouverture dont a fait preuve l’UFDG en aidant son parti à obtenir le nombre de députés auquel il ne pouvait prétendre par sa seule représentativité. Par souci de rassemblement mais aussi pour rendre le combat contre le pouvoir actuel le plus efficace possible, Cellou Dalein ne lui a-t-il pas laissé jouer les premiers rôles à ses côtés dans l’opposition ?
Dans ses allégations, il prétend que l’UFDG refuse le dialogue en son sein. C’est bien mal connaitre son fonctionnement. Mais un parti qui a vocation de conduire la nation, ne peut accepter que la chienlit s’installe dans ses rangs. Il doit être capable d’imposer la rigueur de la discipline à tous ses militants quelles que soient leurs positions hiérarchiques.
Sidya Touré n’hésite pas à se flatter que son départ de l’opposition a affaibli celle-ci. Seul le manque de courage dont il faisait montre dans les manifestations est à la hauteur de la vanité de cet homme. Mais il saura ce qu’il vaut et le poids réel de ce qui reste de son parti le soir des élections communales. En fait et à son grand dam, l’opposition a plutôt gagné en cohésion et en efficacité n’ayant plus à gérer un égo aussi démesuré qu’injustifié.
Sidya Touré a quitté l’opposition pour se jeter dans les bras d’Alpha Condé. Notre mansuétude nous incline à donner à tous les deux des conseils de méfiance. A Alpha Condé de se garder de Sidya Touré comme le fit le Président Conté qui, prenant très rapidement la mesure de la rouerie de son Premier ministre, lui retira sa confiance sans grand délai. A Sidya Touré, de se rapprocher des déçus d’Alpha Condé, et ils sont légion, pour apprendre le lot qui l’attend et dans pas longtemps.
Sidya Touré se plaint des attaques récurrentes de l’UFDG en rappelant qu’il fut dans l’opposition bien avant Cellou Dalein. Il se donne ainsi de l’importance qu’il est loin d’avoir aux yeux de l’UFDG. En effet, le RPG Arc-en- ciel et son président sont les seuls adversaires de Cellou Dalein et de l’UFDG. Sidya Touré, qui a fait acte d’allégeance à Alpha Condé avec un parti qui se rétrécit comme peau de chagrin, constitue un épiphénomène dans le rapport des forces politiques actuelles.
Se plaindre du fait que le dernier arrivé en politique en l’occurrence Cellou Dalein est aujourd’hui premier de la classe incline au sourire. Que Sidya Touré ravale sa jalousie et la rancune qui en découle et qui est mauvaise conseillère puisqu’elle lui a fait prendre le chemin honteux de la traitrise.
Sidya Touré accuse Cellou Dalein d’exiger un budget au titre de chef de file de l’opposition. Il s’agit là d’un mauvais procès qui témoigne de sa mauvaise foi habituelle puisque jamais une telle requête ne s’est inscrite dans les préoccupations de Cellou Dalein. Mais serait-ce le cas, quoi de plus normal qu’une institution républicaine soit dotée d’un budget ? Où est le délit que de demander d’appliquer la loi puisque le titre de chef de file de l’opposition et les prérogatives qui l’accompagnent tiennent de la loi ?
Souvenons-nous des transes qui ont saisi l’UFR et son leader lorsque la loi, se référant aux suffrages de la population, a désigné Cellou Dalein chef de file de l’opposition. Leurs convulsions de l’époque tenaient au fait que cette position de chef de file qui témoigne de la suprématie de l’UFDG dans l’opposition compromettait définitivement les prétentions de Sidya Touré d’être celui qui devait représenter l’opposition aux présidentielles. Tout indique que l’amertume alors ressentie continue encore d’habiter le leader de l’UFR.
Sidya Touré accuse l’opposition d’être armée. Il s’agit d’une allégation grave et méchante inspirée par l’échec de l’homme au crépuscule de sa vie politique. Cette accusation, qui ne mérite que le mépris avant de susciter l’indifférence, valait bien néanmoins ce recadrage de Cellou Dalein : « Nous sommes armés de valeurs républicaines, démocratiques, de volonté de changer la Guinée pour qu’il y ait plus de démocratie, plus d’Etat de droit, plus de protection des droits humains ».
Sidya doit assumer son positionnement politique. Il a choisi, en toute conscience, d’appartenir désormais au camp de la mouvance présidentielle. Qu’il s’attache donc à obtenir de sa nouvelle famille la part qui doit revenir à son parti. Nul doute qu’elle sera congrue, ce qui lui fera regretter la générosité de Cellou Dalein Diallo, dont il bénéficiait avant son émigration. En ce qui concerne l’UFDG et les autres partis de l’opposition, la détermination n’a jamais été aussi forte pour défendre leurs droits et poursuivre le combat pour l’avènement d’une Guinée unie, démocratique et prospère.
Souleymane Thiâ’nguel Bah
Cellule de communication de l’UFDG