Les tractations secrètes de la transition de 2010 : « «C’est moi qui ai rétabli la vérité des urnes », dixit Tibou Kamara…

Tibou
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TibouLa transition en Guinée de 2010 n’a pas fini de livrer ses secrets. Dans un entretien qu’il a accordé à notre confrère Africaguinee, le Ministre Conseiller personnel du Président Alpha Condé, par ailleurs Ministre d’Etat sous General Sekouba Konaté, est revenu, entre autres, sur les tractations secrètes qui ont entourées les «tentatives de permutations » entre les candidats Alpha Conde et Sidya Touré lors du premier tour des élections présidentielles de 2010 ; tractations qui, selon lui, recalait « arbitrairement » le Président Alpha Conde à la troisième place, en faveur de Sidya Touré… » .Extrait…

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Le ministre Koutoubou Moustapaha Sano a écrit un livre pour dire sa part de vérité sur la transition en général et en particulier sur les massacres du 28 septembre 2009. Quelle appréciation faites-vous de ce livre ?

Je n’ai pas lu le livre, mais comme vous l’avez si pertinemment dit, c’est sa version des faits. Ce qui ne veut pas dire que c’est la vérité. J’ai d’autant plus de raisons de douter que ce ne soit la vérité parce que comme vous le savez le premier ministre Kabinet Komara qui a été invité à la dédicace de ce livre, séance tenante, sans aucune précaution a démenti un paragraphe du livre qui concerne les conditions dans lesquelles les leaders politiques ont été libérés. Moi-même ce matin invité dans une émission de radio j’ai relevé beaucoup de contrevérités dans le livre qu’il a écrit.

Lesquels ?

Par exemple lorsqu’il parle du deuxième tour de l’élection présidentielle en expliquant que Ben Sékou Sylla (ancien président de la Commission électorale nationale indépendante, Ndlr) est venu voir le Général Konaté pour lui dire qu’il avait l’intention d’éliminer les votes dans certaines circonscriptions pour favoriser une deuxième place de Sidya Touré, mais tout le monde sait que ça ne s’est pas passé comme ça. De cela, je tire la conclusion qu’il y a rien de vrai parce que d’abord il y a deux sources authentiques.

Vous-mêmes vous avez eu à rencontrer le Général Sékouba Konaté, souvent il vous a expliqué dans quelles circonstances Sidya Touré qui était 2è à la faveur de l’élimination des voix dans les circonscriptions favorables au président actuel, comment il s’est retrouvé de la 2è place à la 3è place. Et Alpha Condé qui avait été injustement mis à la 3è place parce que les votes dans ses fiefs ont été arbitrairement annulés est remonté à la 2è place. Mais cette discussion n’a eu lieu qu’entre le Général Sékouba Konaté, Ben Sékou (paix à son âme) et moi-même.

Je tiens à redire que c’est moi qui ai demandé à ce que la vérité des urnes soit rétablie. Parce que lorsque Ben Sékou a expliqué que c’est à la suite de l’élimination des voix dans les fiefs d’Alpha Condé qu’il s’est retrouvé à la 3è place, et que Sidya est monté à la deuxième place, je lui ai dit que c’était injuste parce que le vote sur l’ensemble du territoire national a connu beaucoup d’irrégularités, pourquoi alors faire une élimination sélective des voix ? Parce que si on tenait compte des irrégularités, c’est tout le vote qu’il fallait annuler, ce n’était pas dans une partie du pays et dans le fief d’un des candidats surtout que cela modifiait l’issue du scrutin.

Donc je l’assume pleinement parce que ce n’est pas une faveur que j’ai faite au Président Alpha Condé, c’est une injustice que j’ai évitée. Il fallait une égalité, une équité entre les candidats.

Le Général n’a jamais été impliqué en cela. C’est avec Ben Sékou que la discussion a eu lieu, c’est vrai en présence du Général. C’est moi qui ai rétabli la vérité des urnes. Le Général n’a jamais eu une discussion où il proposait d’éliminer des voix au profit de Sidya. Il était venu avec des résultats qui donnaient Cellou 1er, Sidya 2ème, Alpha Condé 3ème , mais à la faveur d’un arbitrage discrétionnaire qui l’a amené à éliminer injustement et arbitrairement des voix dans les fiefs favorables à Alpha Condé.

Donc lors qu’on dit que Ben est venu avec une proposition que le Général a rejetée, il a donné l’instruction de rétablir les résultats, je m’inscris en faux contre cela et jusqu’à preuve du contraire, je viens de le dire, la discussion a eu lieu entre Ben Sékou, et moi-même en présence du Général. Je ne me souviens pas que Koutoubou ait été présent pour prétendre pouvoir dire ce qui s’est passé ce jour-là.

Et quand il parle de la composition du Gouvernement, il n’était pas présent. C’est une discussion qui a eu lieu en dehors de lui, pendant son absence parce que moi-même j’ai dû intervenir à la demande d’une personne proche de lui pour qu’il soit maintenu dans le gouvernement parce qu’il faisait partie des personnes qui figuraient sur une liste noire de Jean Marie Doré, civils et militaires qu’il ne voulait pas voir figurer dans le Gouvernement pour des raisons qu’il m’a expliquées.

Nous avons appris que vous étiez pressenti au poste de Premier Ministre pendant la transition ?

Lorsque le Général a été appelé à conduire la transition, c’est vrai, il m’a fait la proposition d’être le Premier ministre. Mais moi j’ai estimé que je n’étais pas le mieux placé pour occuper cette fonction ? Et d’ailleurs cela est intervenu avant la nomination et le choix de Jean Marie Doré pour le poste. Donc, je n’ai jamais eu l’ambition d’être premier ministre à cette période et même maintenant. Moi je suis le cours normal de ma vie et je ne force pas le destin. Donc lorsque j’ai décliné l’offre du Général, je lui ai proposé de prendre Jean Marie à ma place, ce qu’il a accepté volontiers. Et par la suite, c’est un choix qui a été entériné par les forces vives. Là aussi parce qu’il y avait des hésitations de la part de Jean Marie qui a estimé que c’était mieux pour lui de compétir à la faveur des élections qui allaient venir que d’occuper un poste de premier ministre de la transition.

Jean Marie Doré avait semble t-il posé deux conditions ?

Absolument !

Lesquels ?

La première condition c’était tout en étant Premier Ministre de pouvoir être candidat à l’élection présidentielle. Ce qui n’était pas compatible parce qu’on ne peut pas être juge et partie. Lorsque cela n’a pas marché, il a demandé alors que la transition soit la plus longue possible pour qu’il ait le bénéfice de l’action qu’il conduirait à la tête de l’exécutif. La transition a eu lieu sur un an alors qu’il estimait peut être à tort ou à raison qu’il fallait un minimum de deux ans sinon de trois ans pour faire une transition la mieux élaborée possible et la plus achevée. Malheureusement aucune des deux conditions n’a été acceptée parce que le contexte à l’époque ne le permettait pas. Et aussi la volonté du Général Konaté c’était une transition rapide au bout de laquelle on aurait fait les élections.

Lisez l’intégralité de l’entretien ici…

 

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