Les violences politiques sources d’instabilité en Guinee (par BAH Oury)

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Les manifestations « politiques » ces dernières années ont toujours le même rituel . D’abord il s’agit de l’expression de revendications liées au processus électoral à l’approche des scrutins par le biais de communiqués laconiques de la part du club de « l’opposition républicaine ». Ensuite de la même manière des manifestations de rue sont décrétées qui génèrent des violences avec son lot de morts, de blessés et de destruction des biens. Enfin des retrouvailles sont clamées entre mouvance présidentielle – opposition républicaine pour signer des « accords politiques » au nom de compromis pour dit-on « maintenir  la paix car celle-ci  n’a pas de prix ! ».  Une commission tripartite présidée par le Ministre de l’Administration du Territoire regroupe les délégués des deux bords politiques est chargée du suivi de l’application de ces accords. Dés lors un cycle incessant de crises est entretenu au détriment d’une réelle promotion des facteurs de stabilité et d’approfondissement conséquent des pratiques démocratiques dans le pays.

Les motivations réelles de « ces crises » sont prosaïques et cyniques à la fois. Au cours de ces années ,une logique de kidnapping et de prise en otages des institutions s’est développée.  En effet, les acteurs de cette tragi-comédie politique se connaissent depuis très longtemps ,ils ont par le passé gouverné ensemble , et ont tissé des réseaux de complicités occultes par delà leurs positionnements actuels dans l’échiquier politique. En plus, les « accords politiques » sont des arrangements pour conforter les intérêts particuliers  de tel ou tel responsable politique en foulant au pied les principes et les lois  de la république. Leur stratégie est simple . La communauté peule et plus précisément l’axe Hamdallaye – Bambeto- cosa- wanidara –cimenterie sont ainsi instrumentalisées malgré elles pour devenir des « variables d’ajustement » pour effrayer et faire pression sur le Chef de l’Exécutif pour le contraindre de « négocier » et conforter une sorte d’impunité à quelques personnes qui se réfugient derrière un « bouclier ethnique ».

Les victimes de cette démarche cynique sont les habitants de l’axe , qui vivent dans une forme d’insécurité chronique pour leurs familles et pour leurs biens. Plusieurs dizaines de jeunes gens sont tombés depuis 2011 , sans pour autant que la puissance publique mettent tous les moyens judiciaires et sécuritaires  pour neutraliser les commanditaires de ces séries de violence . Ce sont les petits gars issus des quartiers défavorisés de la haute banlieue qui « trinquent » à la place des commanditaires de cette chienlit qui tirent des avantages juteux du maintien de ce statu-quo le long de l’axe.

Au fil des années , la lassitude et une prise de conscience collective au niveau de la frange la plus nombreuse des jeunes sont apparues pour rejeter ces manifestations de rue. C’est l’une des raisons qui expliquent une radicalisation progressive de ces îlots minoritaires qui peinent à recruter et qui sombrent dans la délinquance et le mercenariat. Les commanditaires sous couvert de structures politiques entretiennent par l’argent ces milices en constitution au vu et au su des autorités publiques. La manifestation est alors devenue le prétexte pour créer le maximum de nuisance aux populations pour faire croire et voir « un soutien massif à leur action ». De manière cynique , une manifestation paisible et sans incident ne fait nullement leurs affaires . Autant il y a des morts et de destruction , autant en secret ils savourent le succès de leurs opérations.

Aujourd’hui cette stratégie abhorrée par l’écrasante majorité des populations riveraines de l’axe est en voie de prendre une tournure susceptible de porter atteinte à la cohésion nationale, à la stabilité de la Guinée et à la sécurité sous régionale. L’exacerbation par le biais des réseaux sociaux de la culture de la haine, de la violence et des appels aux meurtres ne doivent  pas être banalisée. Là aussi la communauté peule est utilisée par ces apprentis sorciers comme un instrument pour des buts dont celle-ci sera immanquablement une nouvelle fois la victime privilégiée.

Les forces de défense et de sécurité doivent assurer à tous sans exception la protection. Ceci est indispensable pour créer la confiance entre les citoyens et les institutions chargées de la sécurité nationale (police, gendarmerie, armées). Celles-ci issues du peuple  guinéen doivent assumer pleinement et totalement leur mission régalienne pour protéger tout le monde en débusquant en son sein des éléments mal intentionnés qui ternissent l’uniforme qu’ils portent.

Le péril qui nous guette est grand . L’appel aux peuls d’Afrique de l’ouest de se soulever, du djihadiste malien Amadou Kouffa, n’est pas fortuit. Entouré d’Iyad Ag Ghali chef de mouvement affilié à Al-Qaïda et de l’algérien Yahia Abou Hammam émir d’Aqmi, Amadou Kouffa tente d’élargir son influence pour exploiter des frustrations réelles des communautés peules de plusieurs pays ouest-africains. Ici en Guinée, mieux vaut prévenir que guérir . A cet effet toutes les autorités morales du pays et plus précisément celles de la communauté peule sont interpellées pour agir avec courage, détermination et sans complaisance pour refuser que leur communauté soit utilisée comme un instrument d’ « ajustements stratégiques » dans des conflits où nous aurons tout à perdre et rien n’y à gagner. Ceci commence ici et maintenant en mettant un terme aux dérives politiciennes qui tentent de survivre en exacerbant des présupposés clivages ethniques en Guinée. Une attitude passive, complaisante, partiale et tournée vers la satisfaction d’intérêts claniques ne fera que du mal à la Guinée entière et à la sous-région. Le temps du courage et de la vérité est arrivé !

BAH Oury

Ancien Ministre de la Réconciliation Nationale

Animateur National du Mouvement « Le Renouveau »

1er Vice-Président de l’UFDG

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