Opinion// C’est Bill de Sam qui veut en remontrer à son curé !…

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Notre grand artiste national, Alpha Soumah dit Bill de Sam qui, dans sa chanson « Gnènguè Khamè », célèbre le dévergondage, l’adultère, la fornication, aujourd’hui ministre du tourisme, de la culture et de l’Artisanat sort de sa torpeur et de la plus mauvaise manière pour montrer tout son attachement et toute sa reconnaissance à Brutus Doumbouya, le tombeur de Néron Condé, et que lui, Bill de Sam, veut faire passer pour le rédempteur du peuple.

Bill de Sam a été activiste politique sous la bannière de l’UFR. Mais maintenant qu’il est du côté du manche, il trouve anachronique le combat de liberté, de justice, de démocratie et de développement que mène acharnement tout ce monde dans le bled. Il en a plein le dos de tout ça et risque un sophisme, un peu longuet, sur sa page facebook :

« Nous avons lutté, prié, invoqué nos ancêtres pour que le projet diabolique du 3ème mandat n’aboutisse pas. Nous avons pris des risques énormes pour mettre fin à un système qui nous oppresse et opprime. »

Embéguiné de son esprit d’homme lige, Gros-Jean du ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat, veut en remontrer à son curé :

« Nous avons à maintes reprises interpellé l’armée guinéenne pour qu’elle prenne ses responsabilités. Des jeunes militaires, avec tout ce que cela représente comme danger, ont compris nos messages et fait ce que la majorité des populations demandait.» Et voilà qu’aujourd’hui « pour des intérêt égoïstes et inavoués, certains se permettent d’inciter la même armée à trahir son serment. Franchement, Guinéens, qui sommes-nous ? Le CNRD est ce à quoi nous avons tous aspiré : un tribunal spécial contre les malversations financières, la refondation de l’Etat, la correction institutionnelle et toute forme de mesure pouvant remettre notre pays sur les rails. »

Très remonté contre tout ce monde qui continue de mener le combat démocratique en Guinée-Conakry, Bill de Sam l’apostrophe véhément : « C’est quoi votre projet en pactisant avec le diable ? »

Que vous inspire cette sortie comme un pied de Alpha Soumah ?

Bill de Sam est mal venu à gourmander le combat politique de l’opposition. Adonc à bout de dégoût, l’on dirait que c’est effectivement apprendre à son père à faire des enfants.

Gnènguè Khamè  du ministère du tourisme, de la culture et de l’artisanat a la berlue parce qu’il a le fort sentiment que ces batailleurs politiques jettent ainsi du sable dans son « athiéké ». Il aurait plutôt souhaité qu’ils rentrent tous dans le rang et starisent Brutus Doumbouya en libérateur, en héros national.

Voyez-vous ! Bill de Sam est incontestablement un excellent musicien. Mais Alpha Soumah est un médiocre politique et s’y prend mal pour glamouriser l’image du bled. Il n’a pas voulu prendre le temps de se dégrossir l’esprit dans l’UFR. Le veneur du Palais Gokhi Fokhè sonne la curée… Et hop ! c’est le « Koutou Koutou » que flétrit Alpha Wess dans son reggae.

Pourquoi on dit ça ?

Parce que l’on n’a pas attendu son entrée en politique pour aller en guerre contre les dictatures qui se sont succédé en Guinée-Conakry. L’anamnèse liste tous nos morts politiques dans le bled. Depuis la révolution sékoutouréenne jusqu’à la prise du pouvoir de Brutus Doumbouya par les armes.

La dictature de Sékou Touré a trucidé près de 50.000 Guinéens.

Le régime despotique de Lansana Conté a tué des milliers de Guinéens.

La dictature militaire du capitaine Moussa Dadis Camara a violé et ensanglanté des centaines de personnes durant son court règne.

Le régime machiavélique de Goby Condé a enfoncé le clou de partout. Goby Condé a exacerbé le clanisme, l’ethnocentrisme, l’ostracisme dans le pays, il a su monter les Guinéens les uns contre les autres. Il a fait de la piaffe en passant pour un extralucide, un demi-dieu aux yeux de ses sectateurs, favorisé le développement de l’oligarchie au milieu d’une misère noire ; et ça a été la porte ouverte à tous les abus, au carottage à outrance, à l’enrichissement illicite, au détournement de deniers publics, à la kleptocratie. Et des citoyens guinéens ont combattu, au prix de leur vie, le despotisme de Goby Condé. Et qui défendaient Goby Condé et son régime totalitaire en tuant des manifestants dans les rues et de paisibles citoyens jusque dans leurs chambres ? Les policiers, les gendarmes, les militaires épaulés par des donjos.

Brutus Doumbouya et ses hommes encagoulés ont tué des manifestants à Cona-crimes pour défendre le régime de Goby Condé. Ce n’est pas une accusation en l’air. Des centaines de victimes faussées par leurs balles sont enterrées au cimetière de Bambeto.

Didon ! N’essayez pas de nous empiler. Ce n’est pas pour abréger les souffrances des Guinéens que Brutus Doumbouya a renversé Néron Condé. Et ce n’est pas non plus par patriotisme ! Il a court-circuité les plans de Néron Condé qui s’est mépris tardivement de nourrir un serpent dans son sein. Sinon ? Depuis son avènement au pouvoir combien de manifestants pacifiques ont été massacrés encore ? Combien, Bill de Sam ? Dis, combien ? !…

Va compter les tombes des victimes de la dictature militaire de Brutus Doumbouya dans les cimetières !

Certes les Guinéens ont applaudi le renversement de Néron Condé. Mais ils ne vont pas quand même légitimer Brutus Doumbouya qui, dans ses velléités de garder longtemps le pouvoir, a le boulard. On veut la liberté, la justice, la démocratie, le développement à tout point de vue. On ne veut pas de la dictature militaire, on ne veut pas de la démocratie tropicale ou démocrature. En passant du despotisme de Néron Condé à la dictature militaire de Brutus Doumbouya, on est tombé tout bonnement de charybde en scylla. 

Est-ce que tu comprends ça, Gnènguè Khamè ? Certes on est assoiffés de justice, de liberté, de démocratie et de développement mais on rejette les abus de pouvoir.

C’est un abus de pouvoir d’avoir expulsé Sidya Touré de sa maison d’habitation à la Minière, dans la commune de Dixinn à Cona-cris, le 28 février 2022, et qui a été placée sous l’obédience du ministère du tourisme, de la culture et de l’artisanat. Et c’est toi qui transformes la maison de ton ancien ami en maison de culture. Et maintenant tu demandes pernicieusement aux militants de l’opposition : « C’est quoi votre projet en pactisant avec le diable ? »

En fait qui est le diable à tes yeux ? Le Sid de l’UFR ? La Petite Cellule Diallo de l’UFDG ? Les baroudeurs du FNDC ?

Ecoute, Gnènguè Khamè ! Ce n’est pas parce que les Guinéens continuent le combat démocratique qu’ils sont pour autant des moutons de panurge. Le peuple guinéen n’est pas un peuple militaire. Et Sony Labou Tansi le dit dans son livre « La vie et demie » :

« La discipline est la force des armées  mais elle n’est pas forcément la force des peuples. Parce qu’un peuple sait comprendre mais ne sait pas obéir. Ce besoin de dialogue est inscrit dans toute la matière pensante. Seule la matière obéit aveuglément aux lois de la nature. »

Autrement dit : demain, demain si la Petite Cellule Diallo ou le Sid de l’UFR accède au kibaniyi, les Guinéens continueront à être la sentinelle de la liberté, de la justice, de la démocratie et du développement.

Regardez la pauvreté à Tombo dans Cona-cris où un père de famille et ses deux enfants sont morts électrocutés dans la nuit du mercredi à jeudi. La capitale guinéenne n’est pas une bonne destination pendant la saison des pluies. On y risque la mort…  

Brutus Doumbouya n’a pas fait long feu pour faire bonne figure. En s’emparant du pouvoir, il avait son idée derrière la tête. Aujourd’hui, on a tout compris comme dirait Tiken Jah Fakoly. Donc, il faut absolument que  l’épigone de Sékou Touré respecte le temps de transition et qu’il ne grenouille pas pour se prolonger au pouvoir. Qu’il prenne vraiment connaissance de cette lettre de Sony Labou Tansi adressée aux dictateurs :

« Excellence. Nous savons que vous ne lirez pas cette lettre jusqu’au bout. Nous vous invitons pourtant à ce courage-là. Nous avons toujours dit (nous savons que nous avons raison) : la dictature n’est pas une arme révolutionnaire, mais un moyen d’oppression au même titre que la torture morale ou physique ; parce que, si la dictature était comme vous le dites souvent, révolutionnaire, si, comme vous le prétendez, la discipline peut remplacer l’éducation, si l’obéissance est la plus haute vertu des hommes, vous seriez amené à établir que l’inhumanité aussi est progressiste. On n’éteint pas le feu avec du feu. On ne brûle pas la dictature, c’est elle qui brûle. Dès qu’on l’a choisie, on ne peut plus s’arrêter. Il n’y a pas de forme atténuée, mais seulement des étapes, qui vous avalent, qui vous avalent, non, on n’a pas brûlé l’enfer… »

On te sera gré, Bill de Sam, de partager la lecture de cette lettre avec ton coreligionnaire Ousmane Gaoual Diallo dit Oussou Kouthioun, porte parole du gouvernement et ministre des Postes, des télécommunications et de l’économie numérique. Parce qu’en vérité, c’est vous deux qui pactisez avec le diable qu’est Brutus Doumbouya.

Oussou Kouthioun, qui maintenant mange dans la main de Brutus Doumbouya, veut mettre une laisse à la presse afin de mettre tous les Guinéens au pas. Il menace de cadenasser la presse ; et avec l’esprit de rouerie d’un ostrogoth de bas étage, il fait saboter le matériel de travail de la presse en brouillant internet et les ondes radioélectriques. Il fait brouiller tout ; et les professionnels n’en croient pas leurs yeux et surtout venant de sa part.

C’est à Oussou Kouthioun que Bill de Sam doit justement demander : « Franchement, Guinéens, qui sommes-nous ? »

Pas tous les Guinéens, mais il y en a qui sont prêts à vendre père et mère pour enguirlander Brutus Doumbouya.

Sinon comment un Oussou Kouthioun, sorti de nulle part, peut oser mettre en danger de mort l’indépendance de la presse qui a été conquise de haute lutte pendant le règne du général Lansana Conté ? Au point que la vie de notre presse tient à un fil ténu…

De par ses fonctions dans le pouvoir, Oussou Kouthioun se croit sorti de la cuisse de Jupiter ; et ses anciens amis politiques dans l’opposition devenus subitement ses pires ennemis, il est en veine de prouver sa loyauté à Brutus Doumbouya en perpétrant en quatrième vitesse les pires besognes. Bien sûr !… en vendant père et mère.

Hey Ko Ann Mbarring ! l’on ne charge pas la barque pour le simple plaisir de noircir le tableau de Oussou Kouthioun. Alpha Boubacar Diallo, son jeune frère de lait, est sorti du placard et a levé le voile sur le vrai visage de Oussou Kouthioun.

Pour dire que certains hommes politiques ne s’embarrassent pas d’une once de morale pour grappiller de-ci, voler de-là.

Benn Pepito                                    

     

              

      

             

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27 mai 2023 03:07

Bien dit, Ben.