Projet de Constitution en Guinée : l’ANAD rejette fermement le texte et dénonce une manœuvre de confiscation du pouvoir

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Conakry, 11 juillet 2025 – Deux semaines après la publication du projet de nouvelle Constitution par les autorités de la transition, l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) hausse le ton. Dans un communiqué diffusé ce vendredi, la coalition dirigée par Cellou Dalein Diallo rejette catégoriquement le texte, qu’elle qualifie de tentative manifeste de pérennisation du pouvoir par la junte militaire.

Selon l’ANAD, le projet de Constitution tel que proposé ouvre la voie à une violation grave de la Charte de la transition, ainsi que des engagements internationaux pris par le président de la Transition. « Ce texte ouvre la voie à une violation de la Charte de la transition et des engagements solennels pris par le président de la Transition devant la Cour suprême, le peuple guinéen et la communauté internationale », dénonce le communiqué.

Un parjure dénoncé par l’opposition

L’un des principaux points de discorde concerne l’absence, dans les dispositions transitoires du projet, de l’article 46 de la Charte de la transition, qui interdit explicitement au président de la Transition et aux membres du CNRD d’être candidats aux élections censées clore la période transitoire. Pour l’ANAD, cette omission n’est pas fortuite : il s’agirait d’une « décision délibérée visant à favoriser le maintien au pouvoir du chef de la junte ».

La coalition va plus loin en accusant le président de la Transition de vouloir se soustraire à ses propres engagements. Elle évoque un « parjure d’une gravité historique », rappelant que le président avait prêté serment de respecter et faire respecter la Charte de la transition et les engagements internationaux de la Guinée.

Des violations du droit régional et international

Outre la Charte nationale, l’ANAD affirme que le projet viole également des textes juridiques régionaux, notamment la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union africaine. L’article 25 de ce document stipule en effet que les auteurs de changements anticonstitutionnels ne doivent pas participer aux élections organisées pour le retour à l’ordre constitutionnel. Une disposition que la Guinée, en tant qu’État partie, est tenue de respecter.

Des amendements exigés avant tout référendum

Avant toute soumission du projet de Constitution à référendum, l’ANAD pose plusieurs conditions, parmi lesquelles :

  • La reconduction des articles 46, 55 et 65 de la Charte de la transition dans les dispositions transitoires du projet.

  • La suppression de l’article 74, qui garantirait selon elle une forme d’impunité au président de la République.

  • La réduction du mandat présidentiel à cinq ans.

  • L’obligation pour le président de déclarer publiquement ses biens au début et à la fin de son mandat.

À défaut de prise en compte de ces amendements, l’ANAD annonce qu’elle mènera une opposition ferme à ce projet qu’elle juge contraire à la Charte de la transition, à l’Accord additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance, ainsi qu’à la Charte africaine de la démocratie.

Alors que le débat autour de la nouvelle Constitution s’intensifie, cette déclaration de l’ANAD marque une nouvelle étape dans la polarisation du paysage politique guinéen, à l’approche d’un éventuel référendum.

À suivre…

Gbassikolo.com

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