Comme toujours, et chaque matin, je lis quelques sites guinéens pour me mettre au courant des actualités du pays. Ce ne sont pas toutes les actualités qui m’intéressent, mais celles qui défient la logique, la torturent, et l’accablent d’injures. Et ce matin du 6 décembre, je puis vous assurer d’avoir trouvé des nouvelles qui peuvent donner de la migraine: Sidya Touré, le leader de l’UFR, parle de l’opposition stérile, et surtout de l’arrestation d’Alpha Condé en 1998. Il accuse. Il s’innocente…
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Je suis souvent surpris par certaines remarques au niveau des acteurs politiques guinéens: plus ils sont avancés en âge, plus leurs capacités de réflexion souffrent et manquent de normalités.
Parce que, en principe, c’est le contraire qui devrait se produire: plus l’on avance en âge, plus notre capacité de réflexion épouse la normalité, la sagesse, la lucidité, et ce, grâce aux expériences directes (le vécu) et indirectes ( la lecture).
Jean Marie Doré (77 ans), Alpha Condé (77 ans), Facinet Touré (81 ans), El hadj Biro Diallo (90 ans), et maintenant Sidya Touré (70 ans), etc, sont des acteurs politiques guinéens qui auraient dû, à cause de leurs âges avancés, donner un certain élan d’optimisme dans la pratique de la politique à un niveau d’objectivité très appréciable, et profitable pour les futures générations de politiciens. Mais hélas!
Le 5 décembre dernier, Sidya Touré, lors du meeting de son parti, affirme que » quelle que soit la beauté de ton chat, si ça n’attrape pas de souris, ça ne sert à rien ». Que l’opposition était devenue la chose de certaines personnes. Qu’il n’a eu aucun problème personnel avec Alpha Condé, et par conséquent, qu’il pouvait continuer à échanger avec lui, faire en sorte que les cinq prochaines années ne soient pas encore perdues dans les discussions stériles.
C’est agaçant, ce que fanfaronne le leader de l’UFR! Selon Sidya, les cinq dernières années ont été perdues dans des discussions stériles. Et la solution, pour lui, pour que les mêmes choses ne se répètent pas dans le futur, il faut conjuguer le même verbe avec l’individu, le seul, qui fut à la base de la stérilité du débat démocratique en Guinée depuis 2010, Alpha Condé.
Mais s’il faut conjuguer le même verbe avec le pouvoir, n’est-ce pas la fin de l’opposition politique? Si le beau chat n’attrape pas de souris, faut-il l’abandonner, ou trouver d’autres stratégies pour les mêmes effets? Parce que si on abandonnait le chat, les souris risqueraient d’être envahissantes dans la maison, et finalement, nos habits, chaussures, fauteuils et appareils domestiques, perdraient sûrement leurs charmes, ou éclats. Trouver un autre chat plus efficace? Une solution. Apprendre à inciter son beau chat à attraper les souris? Une autre.
Sidya Touré préfère abandonner son beau chat qui n’attrape pas de souris, c’est-à-dire, abandonner l’opposition qui n’arrive pas à concrétiser ses objectifs: la conquête du pouvoir. Et le leader de l’UFR ne passe pas par plusieurs chemins: comme il n’obtient pas le pouvoir par la dialectique, il préfère, par la lâcheté, faire le griot, pour faire partie du pouvoir conquis malhonnêtement et honteusement par les autres.
Par la lâcheté, dis-je! Car ce cinq décembre 2015, Sidya Touré est allé plus loin. Il parle de l’arrestation d’Alpha Condé en 1998 par le régime de Lansana Conté. Là, une autre bêtise: notre Touré veut vraiment se faire aimer par Alpha Condé pour faire partie de son pouvoir, un pouvoir malhonnête et injuste.
Il raconte qu’en 1998, alors premier ministre de Lansana Conté, qu’il avait reçu le dossier concernant l’arrestation d’Alpha Condé. Qu’il n’était pas d’accord avec les argumentations avancées à l’époque pour légitimer l’acte d’arrestation.
Sidya affirme: « je suis allé voir le président Conté, et je lui ai dit deux raisons pour lesquelles il faut abandonner le dossier et libérer Alpha Condé: 1- La loi n’est pas avec nous. Il est interdit de sortir du territoire pendant la période électorale. Le citoyen qui veut sortir, on le retourne, mais on ne l’enferme pas. 2- Sur le plan international, ce n’est pas bon pour nous, car les médias ne parleront que de ça ».
Le leader du deuxième parti d’opposition poursuit: » le président Conté ne m’a pas écouté, et a décidé d’amener le dossier en conseil des ministres. Là, certains ministres ont argumenté pour la non libération… ».
C’est incroyable ce que raconte Sidya Touré! Seulement 17 ans après les faits, il vient fanfaronner comme s’il était un homme honnête. Il ne l’est pas.
Après sa tentative, en vain, auprès de Conté pour la libération d’Alpha Condé, M. Touré aurait dû abandonné son poste. Démissionner. Pour sauver son honneur. Il ne l’a pas fait, mais bien évidemment, le président Lansana Conté, lui, n’hésita pas à lui démettre de ses fonctions de premier ministre. Pour les mêmes motifs? L’histoire nous le dira.
Vive la démocratie! Vive la conquête du pouvoir par les seuls arguments des lois de la Constitution! Vive la Guinée! Nous vaincrons!
Naby Laye Camara
(Bruxelles)