Une banalisation institutionnelle des violences conjugales et celles faites aux femmes (Par Oumou Khaïry Diallo)

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De Adama Konaté à Djélikaba Bintou, en passant par Oumou Sangaré, les victimes ont été moquées. Ce qui leur arrive est minimisé, tourné en dérision. Un coup, puis un autre ? « Ce n’est pas si grave », après tout, « toute cohabitation est tumultueuse », comme ils l’ont si bien normalisé. Il arrive parfois que « l’époux frappe un peu ». Et si, dans cette escalade, il t’ôte la vie, eh bien… tu es morte pour la noble cause du foyer, n’est-ce pas ?

Le message renvoyé par les institutions publiques est clair : le code pénal et le code civil peuvent attendre. Plutôt que de garantir l’application des textes, elles se muent en médiatrices sociales, encourageant la propagande au détriment de la justice.

Alors oui, désormais, c’est officiel : nous sommes toutes en danger. Moi, ma sœur, ma mère, ma fille, et toutes les autres femmes guinéennes. Le mince espoir auquel nous nous accrochions, ce voile fragile et déjà abîmé qu’étaient nos textes de loi, est désormais percé. Plus rien ne nous protège. Nous sommes exposées, seules, face à la loi du plus « faible », celui qui frappe, qui domine… et que l’on ovationne.

Mais, chères féministes, dans ce chaos, nous avons réussi quelque chose. Réussi à faire entendre un message puissant : nous n’acceptons plus aucune forme de violence. Réussi à nous lever, unies, pour dénoncer les maux profonds de notre société. Réussi à faire comprendre au violent, à tous ceux qui pensent comme lui, qu’il a franchi une ligne, une ligne de non-retour. Réussi, une fois de plus, à dévoiler la défaillance cruelle d’un système qui cherche simplement à se faire bien voir, créer le buzz, plaire à l’opinion. Peu importe si une femme a été battue, humiliée, en danger. Ce qui compte, c’est la photo, le sourire, la mise en scène.

Une mascarade sur fond de violence, pendant que nos droits, eux, s’effondrent.

La honte a changé de camp, elle n’est ni chez la victime, ni chez les féministes mais là où elle raisonne de plus belle.

Oumou Khaïry Diallo, Directrice exécutive du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée

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BAMCE
BAMCE
9 avril 2025 14:15

Je suis contre les violences d’où qu’elles viennent mais, ce qui m’inquiète c’est le féminisme à tout va, comme c’est le cas en occident…

Pourquoi il n’y avait pas ces problèmes au temps de nos ancienn.es (parents où grand parents)? Où même s’il y en avait des problèmes de foyers, il n’y avait pas de féministes…??