Comme prévu le président du Parti de l’Espoir pour le Développement National, Lansana Kouyaté a effectivement rencontré ce dimanche 17 août 2014 les militants, les sympathisants et les amis du PEDN dans la grande salle de conférence sise 515 Lenox Avenue dans le Bronx à New York, pour parler d’entente, de paix et d’unité nationale en Guinée.
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Venus du Canada, de Philadelphie, de Rode Island, de Pennsylvanie, de New Jersey, de Californie…, les Guinéens sont sortis nombreux pour venir écouter le message de l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté.
La grande particularité de cette entrevue fut la présence des représentants de toutes les ethnies et de certains partis politiques dans la salle.
Le président du PEDN qui était accompagné de son épouse Fanta Condé et des membres du bureau fédéral du PEDN des Etats-Unis a pris place à la loge officielle sous des ovations nourries des Guinéens qui ont fait le déplacement.
Après la lecture du courant par l’imam Diaby et les salamalecs d’usage, le modérateur El hadj Kabiné Kanté, invitera au micro le représentant des étudiants de Sonfonia qui ont donné le nom de leur promotion au président du PEDN.
Ibrahima Diaby, porte-parole de la promotion Lansana Kouyaté de Sonfonia, ému et dans un langage franc et sincère égrènera les raisons pour lesquelles ses camarades et lui ont adhéré aux idéaux du PEDN de Lansana Kouyaté.
Ainsi louera-t-il les actes qui ont été posés par le leader du PEDN quand il était premier ministre, et dira ceci : « Excellence, vous avez par votre talent, votre énergie associés à un grand savoir-faire réussit à donner à votre pays pendant votre gestion la force, la vigueur et la vitalité. Nous glorifions votre travail inlassable pour la paix dans les quatre coins du monde. Par conséquent, Nous étudiants de la promotion Lansana Kouyaté de Sonfonia présents ici aux Etats-Unis, convaincus du changement que vous avez apporté à la Guinée, avons décidé d’adhérer aux idéaux du parti PEDN sans aucun intérêt particulier mais plutôt avec une conviction ferme et sans considération aucune … »
C’est après les mots de bienvenue du Secrétaire Général du bureau fédéral du PEDN aux Etats-Unis, Mountaga Bah que l’ancien Premier ministre guinéen Lansana Kouyaté tiendra le micro pour s’exprimer devant un auditoire composé de Guinéens de tous les bords.
Après avoir salué et remercié la communauté guinéenne des Etats-Unis surtout le collège des imams et les notables des différentes régions de la Guinée pour l’accueil, la mobilisation et les messages francs, sincères et directs des intervenants qui l’ont précédé à la tribune., le diplomate de carrière, devenue par la force des choses politicien, s’inclinera devant la mémoire de trois de ses compatriotes qui ont été récemment rappelés à leur seigneur : Sidy Barry lâchement assassiné, Aliou Paraya Bah du Canada et Karamo Kandé de Cleveland Ohio décédés des suites de maladie.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il rappellera que cette rencontre aurait pu être une réunion du PEDN, mais il a voulu que ce soit une réunion de tous les Guinéens pour parler de la Guinée.
Pour l’ancien premier ministre et chef du gouvernement de large consensus, le problème guinéen peut être résumé en une seule question: Est-ce que notre pays se porte bien? Autrement, qu’est-ce qui va et ce qui ne va pas ?
A cette question, les uns ont répondu tout va bien et les autres ont dit rien ne va. Et au président du PEDN de trancher en disant ceci : « Inutile de nous tirer à boulets rouges. Comme dans tous les pays du monde les avis diffèrent toujours. Pour les uns, on a atteint la limite de la perfection et pour les autres non, nous voulons aller encore de l’avant. Il en est ainsi et il en sera toujours ainsi».
Parmi ce qui ne va pas en Guinée, le président du PEDN, pointera le doigt sur la division et la haine entre les ethnies. « Les ethnies en Guinée ne s’entendent pas et chaque ethnie a des divisions internes. Nous sommes incapables de créer une nation…» a-t-il martelé.
Pourquoi les opinions doivent se heurter au point de provoquer la bagarre, au point de manquer à la décence, au point de manquer à la dignité, au point de susciter la haine et la guerre entre nous ou entre les ethnies ? S’interroge le leader du PEDN. Quand on est fidèle à ses idées cela ne doit pas provoquer de guerre. Poursuit-il.
Pour mettre en garde ses congénères, Lansana Kouyaté citera en parabole le génocide rwandais, la crise ivoirienne, la guerre inter somaliens qui dure depuis 1991 et la guerre de Biafra au Nigeria qui avait fait plus de 3 millions de morts.
"Que je sois président ou pas, l’histoire ne retiendra jamais que j’ai encouragé les ethnies les unes contre les autres"
C’est pourquoi, l’ancien Sous-secrétaire général des Nations Unies rassurera l’audience que son parti ne sera jamais ethnique. « Que je sois président ou pas, l’histoire ne retiendra jamais que j’ai encouragé les ethnies les unes contre les autres. Un peuple ne se lève que quand il parvient à transcender le problème qui le divise » ajoute-t-il.
Sur le plan économique, le président du PEDN regrettera que les prix appliqués sur le marché en Guinée ne soient pas au niveau du revenu du Guinéen, même si ces prix sont des plus bas en Guinée qu’ailleurs.
« En 2007-2008, quand j’étais aux affaires, le revenu du guinéen avait connu une augmentation, la couverture sanitaire était assurée et le taux de change avait considérablement baissé (le dollar était à 2.400 FGN) ».
"le président de la République a reconnu son erreur et il a été très honnête de dire qu’on m’a trompé dans l'affaire des 700 millions"
S’agissant du PPTE et les 700 millions de dollars du Rio Tinto, Lansana Kouyaté se demande aujourd’hui où sont les résultats ?
Quand le contrat sur le Simandou entre le gouvernement et Rio Tinto a été ficelé, j’ai été le premier à contester. Aujourd’hui, le président de la république a reconnu son erreur et il a été très honnête de dire qu’on m’a trompé. C’est vrai, puisque les 700 millions étaient contre les recettes d’avenir et l’exclusivité de la production. Pis, avec ça, on ne préparait pas tout le terrain aux investisseurs privés.
Que Rio Tinto réalise le chemin de fer ou autres ouvrages qui sont dans le contrat, Simandou ne sera jamais exploité, selon Lansana Kouyaté, tant que Rio Tinto ne finit pas avec sa mine de bauxite d’Australie. Et dieu seul sait quand ?
Aussi, le président du PEDN évoquera-t-il le phénomène qui secoue l’Afrique de l’Ouest présentement, l’épidémie Ebola. « Loin de moi l’idée de politiser ce phénomène aux conséquences incalculables qui sont entre autres, la méfiance des familles les unes des autres et le fait que le pèlerinage à la Mecque qui est une tradition dans notre pays depuis 741 ans, n’arrive pas à trouver encore sa voie cette année. Mais disons-le cette situation est regrettable ».
"Conakry est aujourd’hui la ville la plus sale de l’Afrique de l’Ouest"
L’insalubrité de la ville de Conakry s’était invitée aussi dans les débats. « Conakry est aujourd’hui la ville la plus sale de l’Afrique de l’Ouest ».
« Reconnaitre ce que vous faites, vous-mêmes, vous permettra de vous amender. Personne n’a contesté au président de la république de n’être pas le président. On veut simplement que les résultats obtenus soient en adéquation avec la volonté, le bonheur et les aspirations du peuple. C’est aussi simple que cela.
Amener tous les meilleurs diplomates partout, la meilleure diplomatie c’est la politique intérieure du pays. Le retard que connait notre pays aujourd’hui n’est pas la faute des chefs d’Etat, chacun a sa part de responsabilité. Chacun est fautif. Quand le temps de la vérité arrive il faut la dire. Au nom de mes convictions l’unité est la porte du salut. Tant qu’un peuple ne découvre pas ses faiblesses il ne peut pas aller de l’avant. Un peuple ne peut avancer que quand il est uni. Il ne peut-être uni que quand il y a des unificateurs ; ce qui peut les mettre ensemble. Alors ressaisissons-nous, unissons-nous, la Guinée a besoin que les Guinéens se mettent ensemble, sinon nos enfants seront sacrifiés et jetés dans la nature. Quel que soit le président pourvu qu’il fasse du bon travail. Tout ce que je dis n’est pas contre quelqu’un, c’est pour quelque chose. Car il y a deux types d’individu dans ce monde : celui qui veut devenir quelqu’un et celui qui veut faire quelque chose. Moi je suis de ceux qui veulent faire quelque chose ». Conclura l’ancien diplomate.
L’ancien secrétaire général de la CEDEAO terminera son allocution en anglais pour résumer en quelques mots les avantages de l’entente et l’unité dans notre pays. « One people, one nation ».
Enfin, le modérateur donnera la chance à quelques auditeurs de poser des questions auxquelles l’ancien représentant de la francophonie au Togo et côte D’Ivoire a donné des réponses satisfaisantes.
"Cellou Dalein m’a dit qu’il n’avait plus rien n’à négocier qu’il a tout cédé à Sidya Touré"
La question de savoir si dans sa carrière politique ne regretterait-il pas quelques-uns de ses actes, l’ancien candidat aux élections présidentielles de 2010 qui a compris que la question faisait allusion à son alliance avec le prof. Alpha Condé au deuxième tour, sera très clair : « Au deuxième tour quand j’ai rencontré Cellou Dalein il m’a dit qu’il n’avait plus rien n’à négocier qu’il a tout cédé à Sidya Touré. Je suis allé avec celui qui avait encore quelque chose à négocier, même ce dernier n’a pas respecté toutes les clauses du contrat ». Précisera-t-il.
A la question d’un des sages du Fouta qui a fustigé le régime d’avoir tué les peulhs pour complot, Lansana Kouyaté a rappelé les complots Kaman-Fodéba, Petit Touré et des enseignants qui étaient tous des malinkés. On peut accuser le feu président Ahmed Sékou Touré de tout ce qu’on veut sauf dire qu’il a été ethnocentriste durant son règne. Il magnifiera l’œuvre immortelle d’Ahmed Sékou Touré et ses compagnons de donner l’indépendance à la Guinée et la défense de l’intégrité territoriale de la Guinée par le Général Lansana Conté. Il n’est pas normal de dire que les anciens présidents n’ont rien fait.
Les questions pertinentes furent celles d’un jeune militant de l’UFD de Mamadou Baadiko, qui a demandé comment pourra-t-on éradiquer l’ethnicité ? La candidature unique est-elle possible ? La conférence nationale n’est-elle pas nécessaire pour créer l’unité nationale ?
Pour le président du PEDN, la conférence nationale est possible, mais il faut qu’elle soit prise au sérieux et bien organisée par un gouvernement d’union nationale. Peut-être que ceci permettra d’éradiquer l’ethnocentrisme.
"doute autour de la candidature unique de l'opposition"
Parlant de la candidature unique, Lansana Kouyaté émettra des doutes sur cette éventualité. Car il ne pense pas si les leaders de l’opposition pourront s’entendre sur une candidature unique en 2015 contre le président sortant.
Le dernier exercice du leader du PEDN a été de démontrer que le Manden était démocratique. Pour cela il citera plusieurs exemples notamment quelques articles de Kouroukanfouga. C’était un véritable un cours d’histoire auquel l’audience a assisté.
Malgré la petite altercation qui a eu lieu entre un groupe de quatre personnes qui arboraient le tee-shirt « Tout Sauf Alpha Condé » auquel les responsables du bureau fédéral du PEDN des Etats-Unis demandaient de vider la salle, on peut dire sans risque d’exagérer que la conférence a pris fin dans une ambiance conviviale, fraternelle et de paix.
Un compte rendu de Bangaly Condé « Malbanga »