D’après les commentaires triomphalistes qu’on peut lire et entendre ici et là, le barrage hydroélectrique de KALETA, souvent annoncé, toujours différé, serait enfin devenu une réalité, une réalité fonctionnelle. La ville de KALOUM et certaines localités de la Guinée-Maritime seraient approvisionnées en électricité. C’est une bonne nouvelle qu’il n’est pas convenable de nier. L’important, est que le pays soit alimenté en électricité, de manière pérenne. Pour la première fois depuis cinq ans, le président Alpha CONDE a essayé de tenir une des multiples promesses faites au pays. Il faut l’encourager à acquérir cette qualité. Car c’en est une qu’il n’a pas dans son panier à ruses.
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Mon propos ici, n’est pas de louanger ou de dire du mal d’une infrastructure financée sur les ressources publiques, et strictement publiques. Cependant, il me semble plus pertinent et républicain de s’interroger sur les conditions d’attribution et d’exécution du contrat qui a donné naissance à ce barrage.
Sur les conditions : Il y a quelque temps, nos concitoyens qui s’y sont intéressés, apprenaient tout d’un coup, qu’il a été attribué à une société chinoise, un marché relatif à la construction de barrages hydroélectriques dont celui de KALETA. L’opacité la plus totale semble avoir présidé à l’attribution de ce marché à une entreprise « amie », de préférence chinoise. Pas d’appel public aux concurrents, donc aucune possibilité de comparaison des différentes offres possibles, ni de fonder son choix sur un minimum de rationalité économique globale. Le prix clé en main, le coût d’entretien, garantie et solidité d’infrastructure installée et utilisée en milieu technologiquement pauvre, l’impact socio-environnemental convaincant…. Ce sont là certains des paramètres qui auraient dû faire l’objet d’un questionnement utile, si le contrat avait été moins opaque. Et pour que tout reste entre les « amis »oligarchiques, l’étude d’impact environnemental par exemple, a été confiée à la société bénéficiaire du contrat de construction. Devinez ses conclusions ! C’est ma première observation.
Alors question : concernant cette infrastructure, pourquoi avoir passé un contrat de gré à gré avec cette société chinoise ? Quel est le coût réel de ce barrage ? Les autochtones déguerpis, ont-ils été vraiment et correctement dédommagés ?
Deuxième observation : L’annonce tonitruante de la mise en fonction de ce barrage hydroélectrique à cinq mois d’une élection politique majeure, n’est pas fortuite. On peut penser qu’à la formation du contrat, il était exigé du constructeur que la mise en fonction du barrage n’intervienne pas plus tôt. D’après certaines informations, l’inauguration du barrage, quatre à cinq mois avant la présidentielle, avait été jugée raisonnable. Le président candidat aurait alors suffisamment de temps devant lui pour en exploiter les effets au plan électoral. Et c’est précisément ce petit calcul pas très honorable qui à mes yeux, ôte toute considération à l’opération « barrage ». Car le dénuement de notre pays en infrastructure de première nécessité est si dramatique, qu’un Homme d’Etat Vrai, se serait abstenu d’en faire une question politicienne partisane. De telles pratiques existent effectivement même dans les démocraties avancées (France, Allemagne, ….), notamment aux élections locales. Mais les élus de ces contrées ne font pas de petits coups minables électoraux sur des projets économiques majeurs engageant leur pays. Contrairement à M. Alpha CONDE avec ce barrage, eux le font sur de petits projets comme par exemple, la construction d’une piscine avant une élection municipale, ou sur d’autres petits projets d’intérêt local. Mais en aucun cas sur un projet national.
Question : pour quelles raisons M. Alpha CONDE a-t’ il choisi d’infliger tant de peine et de privation à nos concitoyens durant trois ans, alors que ces barrages pouvaient être construits et mis en fonction dès 2012 ? L’envie d’être réélu n’a t-il pas prévalu sur la nécessité d’alléger la souffrance de nos concitoyens ?
L’activisme énergétique tardif de M. Alpha CONDE n’a rien de rassurant pour notre pays. Ces barrages hydroélectriques sont certes utiles. Mais jusqu’à preuve du contraire, on est presque obligé d’admettre qu’ils sont construits pour favoriser sa réélection. Cela est si vrai que son club de louangeurs s’est aussitôt mis en action, peut-être sur commande de SEKHOUTOUREYA, dès l’annonce de l’essai. Et depuis, le site de GBASSIKOLO est squatté de manière ininterrompue. On y trouve plus que des invectives contre SIDYA et des « Merci M. le président », comme si la construction d’une infrastructure publique, avec les ressources publiques, était une aumône venant de la générosité personnelle de M. Alpha CONDE. Nous avons là, exprimée d’une autre façon l’idée qu’en Guinée (CONAKRY), être « Président de la République », c’est être perçu et accepté par certains concitoyens comme Propriétaire du pays et de ses habitants, au sens immédiat du terme. Ce qui explique selon moi, ces obséquiosités à l’endroit du président Alpha CONDE. Et le drame c’est que, ces obséquieux « remercieurs », sont persuadés que les ressources publiques, n’en sont pas, et qu’elles sont la propriété de leur président. D’où ce fleuve de remerciements qui pourraient emporter même l’heureux destinataire.
Le caractère électoral de cette annonce est de moins en moins contestable. L’approvisionnement en électricité risque de ne pas continuer après la réélection de M. Alpha CONDE. La Guinée, ce n’est pas que CONAKRY, ou quelques bourgades de la Guinée-Maritime. Approvisionner cette partie de notre pays en électricité, n’est en rien récusable. Mais ce n’est qu’une toute petite partie du pays. Et rien ne justifie que les autres régions de notre territoire soient moins bien traitées. Ce qui appelle les questions suivantes :
1°. Le président candidat peut-il promettre à nos compatriotes que la fourniture de l’électricité est désormais pérenne, et qu’elle ne sera en aucun cas interrompue quelques mois après sa réélection qu’il a déjà imposée dès le premier tour ?
2°. L’approvisionnement en électricité concerne-t-il aussi le secteur de l’économie (usines, ateliers…) ? Si oui, les barrages de KALETA sont-ils suffisants ?
Comme l’a dit à juste titre M. Sidya TOURE, dès 2012, il était possible de fournir de l’électricité par les groupes thermiques en attendant que les barrages hydroélectriques prennent le relai. Les unités économiques auraient continué à fonctionner de manière à peu près satisfaisante. En ne l’ayant pas fait parce que le profit électoral espéré, se serait dilué dans le temps avant la présidentielle, le pays a perdu (manque à gagner) de l’ordre de 6 à 7 milliards de dollars. Or nous continuerons d’avoir besoin simultanément du courant produit par les centrales thermiques et les barrages hydroélectriques. En clair, le président candidat a préféré son confort politique électoral à son DEVOIR de doter le pays d’infrastructure indispensable. Ce n’est pas ce qu’on attend d’un Homme d’Etat, si le candidat sortant en avait la prétention.
Cela étant, il n’est pas heureux de parler de « plagiat », même si c’était effectivement un des points du projet « Guinée2010 » dont SIDYA est effectivement le concepteur en 1997, lorsqu’il était premier ministre de Lansana CONTE. Car, l’U.F.R. ne trouve aucun inconvénient à être plagiée dans son programme économique et social, y compris par M. Alpha CONDE, si le « plagiat » contribue à atténuer les souffrances de nos compatriotes. Je souhaite que M. Alpha CONDE et son R.P.G. continuent de plagier l’U.F.R., par exemple en arrêtant les promotions administratives et militaires sur une base politico-ethnique, en dissolvant sa milice ethnique…
Ces cinq dernières années ont suffisamment montré que si l’oligarchie installée à SEKHOUTOUREYA depuis Décembre 2010 a un savoir-faire indéniable en matière de captation de Biens Nationaux, elle est malheureusement dépourvue de toute capacité à rassembler tous les Enfants de la Nation, pour enfin construire un pays économiquement vivable et socialement apaisé. La question primordiale pour les Vrais Patriotes, n’est plus de savoir ce qu’a fait ou pas fait le candidat président.
L’urgence vitale, c’est d’arracher la Terre que nous avons reçue de nos ANCÊTRES des mains dans lesquelles elle n’aurait jamais dû tomber. Quand on a peur de revendiquer son droit sur la TERRE de ses ANCÊTRES, ce sont ceux qu’on a accueillis par hospitalité qui vous en chassent. Ce processus est déjà enclenché par M. Alpha CONDE contre les VRAIS ENFANTS de la Guinée. Certains sont exilés de force, d’autres sont emprisonnés depuis de longues années sous de futiles prétextes inventés de toute pièce. Ce n’est pas une élection qui nous restituera notre pays. C’est l’énergie et la vigueur que nous serons capables de déployer qui nous restitueront notre Droit Naturel sur notre TERRE.
Mamadou Billo SY SAVANE (partisan assumé de la TERRE des ANCÊTRES)