Les ex-rebelles du nord du Mali se disent « en temps de guerre » avec la junte

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Les ex-rebelles du nord du Mali se sont dits lundi « en temps de guerre » avec la junte au pouvoir à Bamako, dans un communiqué reçu par l’AFP et diffusé sur les réseaux sociaux.

Dans ce communiqué intitulé « communication en temps de guerre » et authentifié par un porte-parole, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), alliance de groupes à dominante touareg qui a combattu l’Etat central avant de signer un accord de paix avec lui en 2015, appelle « tous les habitants de l’Azawad à se rendre sur le terrain pour contribuer à l’effort de guerre dans le but de défendre et protéger la patrie, et ainsi de reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire national azawadien ». Azawad est un nom d’origine touareg pour le nord du Mali, objet d’anciennes revendications indépendantistes.

Les tensions n’ont cessé de croître depuis des mois entre la CMA et la junte, faisant redouter la fin de l’accord de paix dit d’Alger et la reprise des hostilités engagées en 2012. Des insurrections indépendantistes et salafistes ont alors plongé ce pays pauvre et enclavé dans une profonde crise sécuritaire, politique et humanitaire dont il n’est toujours pas sorti.

Si les groupes à dominante touareg ont accepté un cessez-le-feu en 2014, les jihadistes ont poursuivi le combat contre l’Etat central et toute présence étrangère sous la bannière d’Al-Qaïda et de l’organisation Etat islamique. La propagation jihadiste a gagné le centre du pays, le Burkina Faso et le Niger voisins.

Dans les vastes étendues désertiques ou semi-désertiques du nord, ainsi que les régions de Tombouctou et Gao, les rivalités se sont intensifiées ces dernières semaines entre la multitude d’acteurs armés se disputant le contrôle du territoire: groupes jihadistes contre armée malienne, groupes jihadistes entre eux, groupes armés touareg contre jihadistes, et groupes touareg face à l’armée malienne. Elles ont donné lieu à une succession d’attaques, d’incidents sécuritaires et d’accrochages entre l’armée et la CMA.

Dans son communiqué qui se veut le premier communiqué de « l’Armée nationale azawadienne », la CMA se garde de parler de déclaration de guerre, mais évoque une « riposte en légitime défense » à ce qu’elle appelle « l’agression » de l’armée malienne et du groupe paramilitaire russe Wagner. Les militaires qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 au Mali sont très largement considérés s’être assuré les services de Wagner, malgré leurs démentis.

Couvre-feu

La CMA accuse l’armée d’avoir bombardé ses positions mais aussi des civils, et les soldats maliens et les mercenaires de Wagner de s’être livrés à des exactions contre les populations. Elle les accuse de « crimes de guerre » et de « crimes contre l’humanité ». Elle appelle les civils à rester à distance des positions des « terroristes » de l’armée malienne et de Wagner.

Cette escalade coïncide avec une reconfiguration sécuritaire dans le Nord après le départ de la force antijihadiste française en 2022 et celui, en cours, de la mission de l’ONU (Minusma), toutes deux poussées vers la sortie par la junte. La CMA n’entend pas que la Minusma rétrocède ses camps aux autorités maliennes, comme elle l’a fait en août à Ber, près de Tombouctou. Elle estime qu’en vertu des arrangements de 2014 et 2015, ces zones devraient revenir sous son contrôle.

La junte a fait du rétablissement de la souveraineté un de ses mantras, un objectif qui se heurte aux différents groupes armés, qui contrôlent de vastes étendues de territoire. La CMA a affirmé samedi soir avoir abattu un avion de l’armée après un bombardement sur ses positions dans la région de Gao. Il s’agirait d’un acte inédit depuis des années. L’état-major a assuré pour sa part que l’appareil s’était écrasé à cause de problèmes techniques, mais que son équipage avait réussi à s’éjecter.

Les jihadistes exercent eux aussi une forte pression. Une double attaque qui leur est imputée, dont l’une contre un bateau de passagers sur le fleuve Niger, a tué au moins 64 personnes, dont des dizaines de civils jeudi entre Tombouctou et Gao, selon un bilan gouvernemental.

Tombouctou est soumise depuis août à un blocus du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance affiliée à Al-Qaïda. Des obus sont tombés lundi sur l’aéroport de Tombouctou. La compagnie Sky Mali a annoncé suspendre ses vols de et vers Tombouctou et Gao cette semaine, aggravant l’isolement des grandes villes du Nord. Après le gouvernorat de Gao ce week-end, celui de Tombouctou a décrété un couvre-feu nocturne reconductible de 30 jours jusqu’au 10 octobre de 20H00 à 6H00 (locales et GMT).

AFP

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Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
20 septembre 2023 01:57

Oui Kaou c’est leur arrogance qui les met toujours dans des problèmes et qui mène les pays de la sous région dans le gouffre . Sinon ça fait quelques jours que les attaques des rebelles ont connu une recrudescence malgré la présence de Wagner .
Assimi et consorts sont à Bamako dans des cérémonies et à se partager des petites vos jolies teint clair de la ville .

Kaou Labe
Kaou Labe
13 septembre 2023 11:38

Pan Af ,
ANSAR AL ISLAM , c’est EUX !

Et c’est CETTE ARMEE LÀ qui doit « Protèger » Le Pauvre NIGER ?

BAMCE
BAMCE
13 septembre 2023 08:56

On verra de quoi est capable Assimi Goita et son ensemble instrumental. Des incapables qui ne savent que bomber leurs poitrines, des populistes qui n’arrivent même pas à assurés la sécurité…des pseudo-panafricanistes

BADOU
BADOU
13 septembre 2023 08:30

Ou sont ils les soldats maliens qui se bombardent le torse parcequayant change de partenaires stratégiques ce n’est plus les français mais les mercenaires russes de Wagner ces famas incapables de se battre sur le terrain evincent les civils et prennent leurs places dans les bureaux climatisés de Bamako Conakry Niamey ouagadougou les généraux maliens sont les plus riches au Mali depuis le coup d’état de moussa traore des années 70 ces militaires à force de coup d’état ont affaibli le pays retardé son développement et à part l’accalmie de konare c 1 succession stupide de coups avec l’arrivée sur… Lire la suite

Le Pan-Africain
Le Pan-Africain
12 septembre 2023 20:33

« Tombouctou est soumise depuis août à un blocus du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), alliance affiliée à Al-Qaïda »

Tiens, j’ignorais l’existence de ce dernier groupe, LOL. Non mais quel bordel! Mais, on peut quand meme insulter la France. Ca se substituera a la nourriture et la reconquete du pays.

Quand les Africains francophones realiseront que les Etats centralises ne sont pas compatibles avec les realites historiques et sociologiques de notre continent, ils changeront. Le Mali doit etre au minimum une federation de trois Etats, Manden au Sud, Fulbe au centre et Touaregs/Arabes au Nord.