Recensement général de la population guinéenne 2014: le manque de scrupule du régime RPG et le manque de responsabilité de la classe politique.

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Pour la gestion économique et sociopolitique d’un Etat, pour la sécurité nationale et le développement du pays, on a besoin des statistiques démographiques fiables de cet Etat.

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Le recensement général effectué par les Français en Guinée en 1948 donnait la répartition suivante :

 
Foulah
812.000,   plus    de 36%
Malinkés et Dialonkés
533.000,   moins de 24%
Soussous et Bagas
276.000
Kissiens
146.000
Guerzés
116.000
Tomas
76.000
Kourankos
35.000
 
Celui de 1996 qui n’a pas été contesté par l’opposant Alpha Condé et son parti RPG, donnait la répartition suivante :

Région administrative de Labé                    799.545          habitants
Région administrative de Kindia                   928.312          habitants
Région administrative de Kankan                 1.011.644        habitants
Région administrative de Conakry                1.092.936        habitants
Région administrative de Nzérékoré              1.348.787        habitants

Dans sa campagne pour le recensement, le Ministère guinéen du plan et de la coopération lui-même écrit et explique que l’Etat a besoin de ces statistiques pour la stratégie nationale de développement et son financement.

Alpha Condé et son parti RPG qui promettent le développement en un temps record à la Guinée devraient donc faire preuve d’un minimum de sérieux et renoncer à toute machination ethnique et politicienne dans cette opération d’intérêt national. L’opposition, quant à elle, connaissant le régime en place et les manœuvres de 2013 (recensement ethnique en faveur du RPG), devrait s’assurer que tout se fasse correctement en surveillant les acteurs du recensement sur le terrain. Nos leaders politiques pouvaient s’accorder là-dessus et se partager la tâche : chaque parti dans son fief (par exemple : le PEDN en Haute Guinée ; l’UPG et le BL en Forêt ; l’UFDG au Fouta ; l’UFR, la NGR et la GECI en Basse Côte).

Pendant sa tournée à l’extérieur, le leader de l’UFDG, parti dont les supposés électeurs sont les principales cibles de l’exclusion dans les recensements du RPG, leader qui ne fait rien pour défendre le droit électoral constitutionnel de ses militants et sympathisants, promet la victoire de son parti en 2015. Un public quasiment non recensé et qu’Alpha Condé a décidé d’exclure des élections, y croit et applaudit follement son leader au rythme de « Cellou Laamikè » ! Pitié !

Quand Alpha Condé a déclaré le 6 février 2012 sur France 24 qu’il apportera d’autres statistiques prouvant que les Peuls ne sont pas majoritaires en Guinée, la classe politique guinéenne est restée silencieuse. Le leader de l’UFDG, par pure faiblesse et manque de vision politique ne réagit pas. Les autres, par le même calcul politique qui avait uni Sidiya Touré, Louncény Fall et Alpha Condé en février 2010 pour l’exclusion anticonstitutionnelle des Guinéens de l’étranger au vote, parce que cet électorat est majoritairement peul (Lire).

C’est le paradoxe guinéen : les leaders politiques qui disent se battre pour l’Etat de droit et la démocratie font tout pour exclure, au mépris de la Constitution, l’électorat qu’il suppose ne pas leur être favorable ! Nous disons bien qu’ils supposent, car, non seulement l’UFR avait beaucoup de cadres peuls au sein de la diaspora, mais aussi, si Sidiya Touré fait face à un candidat du RPG, l’électorat peul serait le sien dans sa quasi-totalité. Les législatives de 2013 ont d’ailleurs montré que l’électorat peul peut être aussi utile à l’UFR que celui de la Basse Côte et même mieux dans certains cas. A Bofa et à Forécariah par exemple, l’électorat de la Basse Côte a lâché l’UFR au profit du RPG alors que les Peuls étaient massivement mobilisés en sa faveur.

Le Président de l’UFR et les autres leaders politiques guinéens n’ont pas réfléchi que dans le contexte actuel, réduire l’électorat peul, c’est diminuer les voix de l’opposition et surtout que la phrase d’Alpha Condé pourrait être formulée autrement : qu’il apportera d’autres statistiques prouvant que les Malinkés, c'est-à-dire son électorat, sont majoritaires en Guinée. Ce qui ne nuira pas qu’aux seuls leaders peuls.

Dans le document confidentiel de 26 pages du 23 février 2012, « Enjeux et Perspectives des législatives », que guineepresse portera à la connaissance de l’opposition en octobre 2013, le pouvoir oriente sa stratégie sur le choix et le poids ethnique de chaque communauté et région de la Guinée (page 7) : « Un fait révélateur est le poids électoral des différentes communautés…. », peut-on y lire.

Les législatives avaient été retardées à ce dessein. Elles devraient constitutionnellement avoir lieu 6 mois après la présidentielle de 2010. Mais Alpha Condé avait besoin de cette étude spéciale et de son application avant d’organiser les législatives avec un fichier gonflé de plus d’un demi million de nouveaux électeurs Malinkés.

Comme à la Présidentielle de 2010, l’opposition dirigée par Cellou Dalein Diallo attendra le temps nécessaire à Alpha Condé pour organiser sa fraude et elle ira aux urnes dans les conditions voulues et avec l’opérateur choisi par le leader du RPG. Pourtant cette opposition avait été suffisamment informée de toutes les manœuvres du chef de l’Etat. Nous connaissons la suite : le RPG obtient le Parlement et toutes les institutions que l’Assemblée Nationale doit contribuer à mettre en place comme la Cour constitutionnelle !

Encore une fois, nos opposants qui promirent de ne plus tomber dans les pièges d’Alpha Condé ne tireront aucune leçon de ces événements. Alpha viole à nouveau la Constitution et les accords du 3 juillet 2013 pour se donner d’abord le temps et les moyens de justifier ses prochaines victoires frauduleuses. Il organise un soi-disant recensement national de toute la population guinéenne sur lequel il veut se baser pour préparer le fichier électoral de 2015. Et cela en 3 semaines seulement au coût faramineux de 63 milliards de francs guinéens, sans que l’opposition n’y manifeste aucun intérêt.

Les Guinéens de la diaspora sont exclus dans leur ensemble de ce recensement. Pourtant, l’histoire de notre pays fait que cette diaspora guinéenne a une population de plus de 2 fois plus nombreuse que la région administrative la plus peuplée du pays.

Peut-on donc prétendre que le résultat de ce recensement, évaluant la population globale guinéenne à 10.628.972 habitants, est correct ?

Voici les nouvelles statistiques nationales apportées par le régime d’Alpha Condé :

Région administrative de Labé                    995.717          habitants
Région administrative de Kindia                   1.559.185       habitants
Région administrative de Kankan                 1.986.329        habitants
Région administrative de Conakry                1.667.864        habitants
Région administrative de Nzérékoré              1.663.582        habitants

Analyse :

Ce recensement du RPG révèle qu’en Guinée, de 1996 à 2014, la population de la Haute Guinée, fief du parti d’Alpha Condé (RPG), s’accroît avec une vitesse 4 fois supérieure à celle des autres régions.

Kankan est devenu plus peuplé que les régions de Mamou et Labé réunies, plus peuplé que la région de Conakry.

 
Pourtant, suite à la prise du pouvoir par le RPG et des nominations ethniques, on a plutôt assisté à des transferts des centaines de familles malinkées de la Haute Guinée (de Kankan et Siguiri en particulier) vers la capitale Conakry. 

Quelques exemples tendanciels de chaque région:

1)- En Moyenne Guinée

– la population de Labé passe de 799.545 h  à  995.717 h, soit une augmentation de 24,5%

– la population de Mamou passe de 612.218 h  à  732.117 h, soit une augmentation de 19,5%

2)- En Basse Guinée

– la population de Bofa passe de 156.558 h  à  211.063 h, soit une augmentation de 34,81%

– la population de Fria (où l’opposition est majoritaire selon le document stratégique du pouvoir cité ci-dessus) passe de 81.790 h  à  96.527 h, soit une augmentation de 18%

3)- En Guinée forestière

– la population de Nzérékoré passe de 1.348.787 h  à  1.663.582 h, soit une augmentation de 23%.

– la population de Macenta passe de 278.789 h  à  298.282 h, soit une augmentation de moins de 7%.

– la population de Gueckedou passe de 347.541 h  à  291.823 h, soit une diminution de plus de 16%.

– la population de Beyla (ville malinké de la même région forestière) passe de 169.730 h  à  325.482 h, soit une augmentation de plus de 91%.

4)- En Haute Guinée

– la population de Kankan (fief du RPG) passe d’un million  à  2 millions d’habitants, soit une augmentation de 100%

– la population de Siguiri (ville de laquelle la deuxième communauté ethnique en nombre, les Peuls, fut chassée en 2010) passe de 271.224 h  à  695.449 h, soit une augmentation de plus de 156%

Dans le document stratégique « Enjeux et Perspectives des législatives », le pouvoir RPG nous a appris que les Malinkés sont ceux qui vivent le plus en dehors de leur région en Guinée : 41,7% de l’électorat malinké vit en dehors de la Haute Guinée selon ce document.

Il faut souligner que les populations autres que Malinkés en Haute Guinée, dont les Peuls en grande majorité, furent discriminés (volontairement exclus) dans ce recensement comme ce fut le cas aux législatives de 2013.

Comment donc la population recensée de la Haute Guinée pourrait-elle devenir plus nombreuse que les populations de toutes les autres régions, (censuré) ?

Toujours selon le même document du parti au pouvoir, les Forestiers sont ceux qui ont le moins quitté leur région en Guinée (7% seulement d'entre eux) alors que la Forêt reçoit toutes les autres communautés, les Malinkés et les Peuls en grand nombre. Cette région devrait donc être la plus peuplée, comme le recensement de 1996 sous Lansana Conté le montre.

Ainsi, loin de refléter une donnée scientifique, ce recensement est une gigantesque manœuvre criminelle du régime RPG d’Alpha Condé que les Guinéens et les institutions internationales doivent rejeter.

Ce n’est pas seulement dans l’intérêt de l’opposition, il y va de la crédibilité de la Guinée et des études à réaliser avec ces données que ce recensement soit repris et qu’en aucun cas, il ne serve de base pour l’élaboration du fichier électoral de 2015. Le pouvoir prévoit en effet, de jouer sur le retard dans les préparatifs des élections, pour proposer de renoncer au recensement électoral prévu par la Loi pour utiliser les données fausses de ce soi-disant recensement national de la population guinéenne par le RPG.

 
 Source: Guineepresse.info
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