Transition guinéenne: « Nous allons droit dans le mur de l’incertitude » (Fodé Mohamed GeCi)

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Dans une interview qu’il a accordée ce  mercredi 26 juillet 2023 à nos confrères de Mosaiqueguinee.com, l’ancien député et vice-président de l’assemblée nationale Fodé Mohamed Soumah s’est prononcé sur plusieurs sujets d’actualité.

De la gestion de la transition à l’avenir de la démocratie dans la sous-région en passant par le respect du délai de deux ans en Guinée, le président du parti Génération Citoyenne (GeCi) s’est confié à cœur ouvert à nos confrères …..

Mosaiqueguinee.com: Depuis plusieurs mois, l’honorable Fodé Mohamed Soumah est visiblement calme. Qu’est-ce qui explique votre silence ?

Fodé Mohamed Soumah: Silence sur les plateaux peut-être, mais très actif dans la Com et sur le terrain. Je fais beaucoup de rencontres citoyennes depuis que nous pouvons nous retrouver en toute sécurité sanitaire. Sans compter les multiples sorties médiatiques. Mais je n’aime pas me répéter avec l’impression désagréable de prêcher dans le désert.

Les partis politiques s’organisent peu à peu pour les futures élections dans notre pays. A date, quel est l’état de santé de votre parti ?

Nous sommes en phase de validation des nouvelles structures sans faire de vagues ni nous lancer dans une campagne électorale au chronogramme inexistant. Nous privilégions les rencontres citoyennes dans les quartiers qui sont la base de la politique inclusive de proximité. La GECI évolue à son rythme d’aventure humaine surtout.

Aujourd’hui, à quelle coalition politique appartient votre parti ?

A aucune, même si nous ne fermons pas la porte. J’échange régulièrement avec ceux qui ont la même vision que nous et ils sont nombreux. Toutefois, je regrette cette floraison de coalitions pro et anti CNRD car il n’y a pas d’opposition ni de mouvance durant une transition. Il y a une seule entité : la classe politique qui doit se préparer à la compétition et se battre à l’unisson pour le retour à l’ordre constitutionnel. A date, ce n’est pas le cas, mais il ne faut jamais désespérer. On va se retrouver.

Le délai convenu pour la transition est de deux ans. Pendant ce temps, le gouvernement pointe la CEDEAO d’être en retard dans la mobilisation de fonds pour le financement de certains points inscrits dans le chronogramme. Quelle est votre grille de lecture en ce qui concerne la gestion de la transition ?

Le montant estimé semble exorbitant au regard de l’existant. C’est comme si nous partions de zéro. Ceux qui avaient un sens aigu de la souveraineté se rendent à l’évidence que nous n’avons pas les moyens d’organiser les 3 scrutins et tout le préalable en fonds propres. En fait, nous allons droit dans le mur de l’incertitude, voire des sanctions insupportables pour des populations qui n’en peuvent plus. Au risque de me répéter, il est impossible d’évoluer dans une transition/gouvernance tumultueuse/orageuse. L’apaisement que réclame une transition réussie ne passe pas par des personnalités de 1er plan emprisonnées depuis plus d’un an sans jugement. Des leaders politiques et des opérateurs économiques en exil forcé. Des citoyens empêchés de quitter le pays. Sans oublier les comptes bancaires de particuliers gelés depuis bientôt deux (2) ans, alors qu’un mois aurait suffi pour une analyse comptable approfondie, sereine, transparente à travers la traçabilité, etc.

A cela vient s’ajouter une situation conjoncturelle qui accentue la paupérisation des ménages. Une jeunesse dont la colère gronde. Une violence palpable et une insécurité grandissante. On se demande ce que fait le gouvernement pour contrôler les prix, défendre la monnaie et soulager les populations les plus vulnérables à travers des mesures idoines. Rien ne bouge ostensiblement !

En observant les choses, certains estiment que le délai de deux ans pourrait connaître un glissement. Qu’en pensez-vous ?

Vous parlez comme s’il fallait oublier que l’avènement du CNRD datait du 5 septembre 2021. Si vous ajoutez les 2 ans ça ferait 40 mois ! On ne va pas refaire le monde, mais je pense qu’une seule année devrait permettre le retour à l’ordre constitutionnel. Un mois maximum pour le toilettage de la constitution de 2010 au lieu d’en écrire une nouvelle. Le Burkina l’a réalisé en quelques jours. 3 mois pour la révision des listes électorales au lieu de faire un recensement intégral de la population. 6 mois pour le référendum populaire, le couplage des élections citoyennes que sont les locales et les Législatives, pour finir par la Présidentielle.

Il faut se rendre à l’évidence qu’une transition doit aller à l’essentiel. Une junte n’a pas vocation à un programme de développement ni à s’éterniser. Mais une chose reste sure : il y aura des élections avec un civil au pouvoir. On finira par ça comme disent les Ivoiriens.

Pendant que la CEDEAO bombe ses muscles contre les militaires au pouvoir, un coup d’État est signalé au Niger. Selon vous, quel est l’avenir de la Démocratie dans la sous-région ouest africaine ?

L’avenir est de plus en plus sombre avec des populations jeunes impatientes, désœuvrées, mal formées… Qui voient le monde à travers les réseaux sociaux et pensent que l’avenir est ailleurs. La Guinée a été classée Number one pour la traversée de la Méditerranée devant tous les pays en guerre et 1er pays pour les mineurs non accompagnés en France. Ceci devrait interpeller les autorités du moment autour du développement endogène, le partage équitable des richesses, la protection de la nature et la diversification de notre économie. Le Guinéen ne demande que 4 choses à notre portée : s’éduquer, se soigner, se loger et se nourrir. Développer la Guinée n’est pas une sinécure, encore moins un sacerdoce. Il faut aller vers la justice sociale, la compétence et la méritocratie. Tout le reste n’est que politique politicienne et diversion.

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BAMCE
BAMCE
28 juillet 2023 07:57

Depuis que FODE MOHAMAD SOUMAH a pactisé avec Alpha CONDÉ pendant sa dérive dictatorial, je n’ai aucune confiance et considération pour lui. Il pratique la politique du ventre comme tous les autres. Lui qui a fait ses preuves en France devait se démarquer mais hélas