Fronde au RPG-Arc-en-ciel : un zoom d’Abou CONDE

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La grogne au sein du Parti au pouvoir le RPG-Arc-en-ciel perssiste toujours et menace dangereusement le regime d’Alpha Conde.  Pour certains observateurs « la frange de jeunes frondeurs est tout simplement manipulées par des cadres « frustrés » recemment débarqués des affaires. Pour d’autres comme Abou Condé, il faut plutôt saluer ceux qui ont eu le courage politique de remettre en cause le fonctionnement actuel du parti. « Une grande première dans le débat politique en Guinée », selon M. CONDE, …Lisez plutôt!

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Le porte-parole des jeunes frondeurs, en l’occurrence Aboubacar Sidiki Camara, selon les informations rapportées par la presse, avait auparavant fait une critique acerbe du leadership et du management du RPG. Une approche que beaucoup d’observateurs avertis du débat politique guinéen, ont trouvé tout à fait fondée, et même très intelligente.

Le moins que l’on puisse dire, est que les frondeurs ont parfaitement raison de secouer tout le système politique mis en place par le RPG depuis son arrivée au pouvoir en 2010.


Les jeunes ont très bien fait de démontrer sur la place publique que, le RPG est devenu tout simplement, un boulet pour tous les soutiens inconditionnels qui ont appuyé le parti dans sa conquête du pouvoir. Pour la bonne raison, que partout dans le monde, un parti au pouvoir qui refuse de s’inscrire dans la logique de sa propre introspection, et de son auto-critique objective est tout simplement condamné à échouer, puis à disparaitre lamentablement.  

Bien entendu, chacun pourrait dire ce qu’il veut au regard de la lecture de la situation politique actuelle crééé en Guinée par le RPG depuis 2010. Mais en toute objectivité, il est tout à fait permis de s’interroger aujourd’hui sur ce qui s’apparente à de graves fautes de leadership que le RPG a refusées de reconnaitre et de rectifier, une fois arrivé au pouvoir :

(1) En arrivant au pouvoir en 2010 grâce à la force et à l’intelligence politique d’une coalition large et soudée, le RPG avait-il une masse critique de cadres de très haut niveau pour relever les immenses défis de la gestion publique et économique du pays ? Pas du tout.

Les nouveaux dirigeants avaient l’obligation de commencer très tôt à se méfier des graves dangers de la gestion du pays sur la base des nominations désastreuses à tous les niveaux, de la monopolisation des centres de décision avec tous les résultats calamiteux auxquels le régime a abouti dans les premières années du mandat 2010-2015.

(2) Comment comprendre que le RPG, parti au pouvoir, ne dispose même pas d’Ecole Nationale des Cadres du Parti ? Où sont les revues et publications du RPG, ses brochures, ses séminaires de formation pédagogique, ses modules de formation en citoyenneté et en droits et devoirs humains, ses universités d’été, ses conférences nationales ou rencontres régionales des cadres du parti ? Où sont les mouvements scouts et pionniers du RPG, où sont les ateliers de formation des femmes membres du parti ? Où est le congrès national du RPG ?

Quel grand parti au monde, a résisté au temps sans son Ecole Nationale des Cadres ? Prenez l’ANC en Afrique du Sud, ou alors les grands partis historiques qui ont forgé les luttes ouvrières en Europe depuis le début du XXème siècle un peu partout en France, en Angleterre, en Allemagne, et après l’arrivée des communistes au pouvoir en Russie et en Europe de l’Est ?

Le parti politique, surtout au pouvoir, ne peut pas se départir de sa fonction pédagogique à l’endroit de ses membres et partisans, de ses cellules et fédérations, depuis le recrutement de ses militants et partisans, jusqu’à leur insertion idéologique et citoyenne pour assurer l’animation permanente du parti en fonction de ses idéaux fondateurs.

De nos jours, le signe de la professionnalisation du combat politique, est que le terme de “formation” s’est substitué à celui “d’éducation” dans le vocabulaire des Partis partout dans le monde.

L’externalisation de plus en plus fréquente de la communication accentue la diffusion du savoir-faire-militant : aux clubs et aux think tanks, la production théorique et la conception de la stratégie politique, électorale, etc…

Aux prestataires extérieurs, la maitrise des tâches techniques (organisation des meetings, production et analyse de sondages et d’évènements, collage d’affiches….).

Personne ne demande aujourd’hui en Guinée, aux dirigeants du RPG, un système de formatage qui consacrerait le retour de la culture de la pensée unique. Ce serait un désastre qui ne pourra même pas fonctionner aujourd’hui, à moins de vouloir de s’enfermer dans un vase clos et de vouloir conduire les destinées du pays à l’instar de celles de la dynastie rouge au pouvoir en Corée du Nord. 
Ce qui est inacceptable pour le bon sens.

(3) Comment reconnaitre aujourd’hui le RPG des années 1990 ? Comment comprendre une Nomenklatura qui foule au pied les règles démocratiques de fonctionnement et qui ne prend aucune initiative sérieuse en organisant un Congrès National du parti et en adaptant les structures qui conviennent aux nouvelles exigences du RPG devenu parti au pouvoir. 

Quel est le projet de société du RPG, cinq ans après son arrivée au pouvoir ?

(4) Comment comprendre que le RPG ne sanctionne jamais les responsables du parti, et qui sont auteurs de discours de desintégration de la Nation, du genre des affabulations autour des Roundés et Foulasso ou Mandé Djallon ou Fouta Djallo en Moyenne Guinée ? Pourquoi le RPG n’a-t-il pas ouvertement condamné tous les apprentis sorciers qui ont fabriqué de telles dérives inacceptables pour la cohésion nationale ?

(5) Comment comprendre qu’au même moment le président de la République amorçait le financement des infrastructures dans les capitales de province (Boké, N’zérékoré, Mamou, Kankan), certaines préfectures aient été totalement ignorées dans les investissements publics ?

Rien qu’à voir ce qui s’est passé dans la région de Boké, je voudrais bien comprendre comment expliquer que des préfectures entières comme Gaoual, Koundara n’aient pas eu le moindre bénéfice de ces infrastructures de la fête nationale tournante ?

Qui peut nier la contribution d’une préfecture comme Gaoual au soutien historique du RPG durant ses sombres années passées dans l’opposition ?

Bien sûr que le RPG n’avait pas la majorité numérique au niveau de l’ensemble de la préfecture de Gaoual. Mais est-ce, faute de ne s’être pas battu suffisamment pour porter le RPG au pouvoir ? Absolument pas du tout.
Gaoual a été injustement récompensé par le RPG arrivé au pouvoir. C’est le moins que l’on puisse dire. Il suffit d’aller voir les investissements qui y ont été faits dans les écoles, les services de santé, ou dans l’administration publique locale. Absolument rien du tout pour donner de la fierté à ceux qui se sont donnés corps et âmes pour le RPG.

Je ne parle même pas des promesses électorales de bitumage du centre-Ville, de l’adduction d’eau, et même du bitumage de la route nationale Boké-Gaoual. Une route, largement empruntée par les opérateurs économiques se rendant soit au Sénégal, soit en Gambie, ou soit à Labé.

Le RPG  a totalement tort de croire que ses partisans et militants de Gaoual, ne comprennent absolument rien, de tout ce qui se passe dans la gouvernance publique de ce pays depuis 2010 ?

Conclusion et nécessité du débat pluriel au sein du RPG

Un congrès extraordinaire de refondation du RPG est indispensable, et il faudrait dire à qui veut l’entendre que la gestion du parti a été une catastrophe une fois arrivé au pouvoir. Il faudrait absolument créer les conditions d’un retour aux fondamentaux, en montrant clairement les signaux forts de la lutte contre la balkanisation du pays, contre les  dérives ethniques et régionalistes inutiles, contre les coordinations régionales qui ne servent à rien du tout, contre l’enrichissement sauvage dans la gestion des biens publics et contre toutes les formes d’abus des biens sociaux.

Quelques soient les origines des compétences dont le pays dispose, il est de la responsabilité di président de la République, de chercher dans toutes les 4 régions naturelles du pays, pour assurer leur promotion. L’essentiel, c’est la Guinée qui compte et de faire, que le gouvernement s’inscrive dans des politiques publiques justes et positives.

L’ouverture du président de la République en direction de tous nos compatriotes qui sont rentrés d’exil aura été une excellente décision. Cela est très bien, mais il faudrait également, que les investissements politiques du chef de l’Etat aillent dans ce sens, en s’ouvrant davantage à tout le monde, y compris à ceux qui restent encore sur les bas côtés et qui attendent la main tendue du président de la République.

Refonder le RPG sur ses valeurs démocratiques originelles par le rassemblement de tous les fils et filles du pays ne doit pas du tout dire, faire du RPG un parti-Etat. Mais un parti qui s’ouvre à toutes les intelligences, sanctionne positivement quand cela est nécessaire et négativement dès lors qu’il y a mauvaise gestion et violation des principes élémentaires du droit.

Voilà ce que nous attendons de la réfondation complète du RPG. Des résultats clairs et nets, et non des discours en l’air qui ne veulent rien dire, sinon que tirer le pays vers le bas, tout en divisant inutilement le pays sur des critères archaïques et divisionnistes de citoyens de première classe et de citoyens de dernière classe.  

Le 9 avril 2016, le PDCI-RDA fondé par le président Felix Houphouet-Boigny a  célébré son 70 ème anniversaire avec faste et fierté en Côte d’Ivoire. Malgré toutes les vicissitudes de l’histoire, le PDCI-RDA tient plus que jamais debout sur l’échiquier politique de la Nation ivoirienne.

Le 8 janvier 2012 à Bloemfontein en Afrique du Sud, les 4.500 délégués du Congrès National Africain (ANC) ont tenu leur Congrès National tout en célébrant les 100 ans de lutte du Parti de Walter Sisulu, d’Olivier Tambo et d’un certain Nelson Mandela.

L’histoire retiendra que depuis la chute du régime d’Apartheid, l’ANC malgré tous les courants politiques qui le traversent, a toujours gagné toutes les élections législatives et présidentielles en Afrique du Sud.

Moralité : La seule chose que nous attendons du prochain congrès du RPG, est  que le fondateur du parti, lui-même dise à la base électorale et  à ses soutiens historiques, qu’est-ce qu’il voudrait que le parti soit dans les 30 ou 100 prochaines années, en montrant au monde entier, qu’est-ce qu’il compte mettre en oeuvre en Guinée, pour que le RPG survive après lui.

(…)

Abou Condé.

 

 

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