La Guinée 1958-2017 (soit 59 ans d’indépendance) (par Mamadi Diabaté)

DIOUBATE Mamadi 01
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DIOUBATE Mamadi 01

Parler de la vie ce n’est pas seulement dire ce qu’on a tenté d’en faire, mais aussi ce qu’elle a fait de nous. C’est la trame de l’histoire, l’histoire de tous surtout celle de ma génération, dans laquelle mon aventure personnelle s’est inscrite, telle que je la retraçais en 1970 en tant que combattant de la liberté et du respect à la vie….

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Les femmes et les hommes de ma génération sont nés dans un climat de mobilisation générale de défense de notre pays face à l’adversité coloniale.

Nos pères comme me l’a raconté le mien, se sont battus pour regrouper nos concitoyens au sein du Pdg, lors qu’ils étaient acheteurs à Kissoudoudougou, avec les Amara Touré, Inter et tant d’autres pour l’acquisition de notre indépendance.

Goethe, Wilhem Meister disait : « la trame de ce monde est faite de nécessité et de hasard. La raison humaine se place entre les deux et sait les gouverner ».

Déjà à l’école primaire nous étions déterminés à faire de notre pays le paradis sur terre car nous croyions profondément aux options du Parti démocratique de Guinée (Pdg) et à la personne des deux responsables, Sékou Touré et Saïfoulaye étaient de même rang pour nous que le général de Gaule et le général Leclerc l’étaient pour les français.

Nous inventions plusieurs légendes sur Sékou Touré, nous disions souvent qu’il se changeait en une dame blanche lorsqu’il était attaqué, ou bien qu’il était invulnérable et immortel.

Ce n’était pas simplement des inventions c’était aussi la propagande du parti pour faire peur et éviter aux personnes de défier ce pouvoir qui était en train de se bâtir une carapace se sachant cerné par le colonisateur.

Hommage aux pionniers de l’indépendance et au courage de son président Ahmed Sékou Touré

Comme le professeur Baba Ibrahima Kaké dans l’introduction de son livre « le héros et le tyran », j’ai en commun avec le président Ahmed Sékou le clan car les Touré et nous, sommes des frères.

C’est à Komödou qu’un de nos ancêtres s’est fait exécuté en s’accusant d’un crime qu’il n’a pas commis et sauvant un général de Samori condamné par le colon blanc.

Aujourdhui l’ancien ministre des mines Mohamed Lamine Touré est le chef du clan et explique dans son livre les origines de ce lien séculaire. Il ne s’agit pas d’un lien sectaire, ici il est question d’un lien de fraternité forte et de sang. Pour rassurer les personnes qui me connaissent je ne suis pas devenu subitement un militant du Pdg, c’est par réflexion subite après une forte concentration que j’ai eu le désir de fermer cette page et regarder l’avenir avec beaucoup de sérénité et d’abnégation.

Cette force que j’ai ressentie dans mon être comme me disant ceci : « ton combat est noble cependant chacun fait ce qu’il peut, et les périodes diffèrent les une des autres ».

La deuxième guerre mondiale prit fin en 1945, une nouvelle perspective s’ouvrait, l’organisation des Nations-Unies remplaçait la Société des Nations (SDN).

Une disposition de la nouvelle organisation était contre la colonisation et demandait aux colonisateurs de permettre aux peuples sous leur joug de disposer de leur souveraineté, renforcée par l’anti colonialisme des deux blocs : le bloc de l’Est avec l’Union Soviétique, le bloc Occidental sous la houlette des Etats Unis d’Amérique.

Aussi le réveil des peuples colonisés avec des soldats revenus de guerre qui commencèrent à prendre conscience sur la question de leurs droits par rapport aux soldats blancs.

Ce contexte favorisait des prises de conscience dans plusieurs pays en Afrique et ailleurs.

Quelle était la situation de la Guinée à cette époque ?

Le professeur Kaké Ibrahim décrit très bien l’atmosphère de l’époque sur le plan physique mais aussi sur le plan comportemental et sociétal. Après une présentation géographique des différentes régions, il citera André Gide et Emmanuel Mounier.

Dans ce merveilleux pays comme partout ailleurs en Afrique, la colonisation a revêtu des aspects repoussants. Il suffit de se reporter au livre d’Andrée Gide : « le voyage au Congo, ou terre d’ébène d’Albert Londres ».

L’Afrique Noire jusqu’au lendemain de la seconde guerre Mondiale était soumise au régime de l’indigénat : le travail forcé sur les routes, les réquisitions de manoeuvres et de vivres au profit de l’exploitation agricole et industrielle des colons blancs, les tribunaux indigènes d’exception où les hommes étaient livrés à la fantaisie coupable de certains administrateurs…

La loi du plus fort aidant, le colonialisme avait transformé les princes en plantons et en tirailleurs, parfois en chefs de cantons dociles. Le professeur Kaké continuant à décrire l’état de la famille disloquée, la société privée de ses moyens de régulation, économique, social, culturel, spirituel, tout était déstabilisé. Cette destruction était particulièrement sensible et perceptible chez les intellectuels. Ces « évolués » dit le professeur ne revendiquaient que dans le cadre de la « légalité républicaine ».

La Guinée au lendemain de la seconde guerre Mondiale apparaît comme la belle au bois dormant selon le professeur Ib Baba Kaké.

Un colon Emmanuel Mounier écrit en 1948 au retour d’un voyage en Afrique Noire : « Arrivé en Guinée, vous cherchez le problème guinéen. Vous ne trouvez rien… Vous apercevez alors pourquoi la Guinée est si reposante au terme d’un long voyage dans l’outrance africaine. C’est un pays sans obsession. Pas d’agitation sociale, pas d’agitation politique. Il existe un grand parti guinéen. N’en attendez pas un nom de bataille : il s’appelle l’Union franco-guinéenne. Son personnage dominant était un homme raisonnable et pondéré, que tout le monde estime, Yacine Diallo. Modération et douceur vont ensemble… Cependant la Guinée est délaissée et oubliée par les capitaux….».

La Guinée comme cela est décrit par Mounier acceptait tout, aucune revendication, lorsque le blanc nous demande de danser nous dansons et quand il nous dit de travailler nous exécutons sans broncher, c’était la Guinée avant l’arrivée de l’enfant de Faranah.

Quelques trois ans plus tard, c’est le réveil de la belle au bois dormant, suite à un début d’industrialisation et à l’exploitation des richesses et la mise en place du plan Roland Pré.

En 1953 André Blanchet dans un article du journal le Monde parle d’une transformation révolutionnaire de l’économie guinéenne et la création d’un prolétariat où la Cgt place aussitôt ses hommes.

C’est en ce moment que Sékou Touré nationaliste et patriote viendra secouer le cocotier, il était de la race des personnes qui n’acceptaient pas l’arbitraire et l’exploitation de l’homme noir par l’homme blanc.

Sur ce point il disait dans une interwieu en 1982 à Ivan Levaï journaliste français qui lui demandait s’il s’identifiait à Idi Amin ou Bokassa et d’autres, il répondait que lorsque vous rencontrez un Noir sur les rues de Paris dites vous que, c’est un Noir et que Dieu aimant la diversité et le beau a créé des Noirs, des Blancs …

Quelques réalisations du Parti démocratique de Guinée

Le PDG a pris le pouvoir dans une des situations les plus dramatiques pour un nouveau pouvoir.

Les Français sont partis avec tout et ont pillé la banque centrale ne laissant que moins de trois cents francs de l’époque comparé aujourdhui aux vingt milliards supposés être accordés par la Chine à notre pays, aussi aux sommes faramineuses détournées par certains compatriotes véreux et prédateurs c’est le jour et la nuit.

Le Pdg nous a créé un état dans toutes ses composantes. Des régions mises en compétition dans tous les domaines afin de les stimuler. L’organisation de toutes les couches sociales etc…

Des unités de productions comme Enta, Soguifab, conserveries….

Sur le plan de l’éducation nationale : l’institut polytechnique, les différentes écoles de santé, Enam et tant d’autres avec peu de moyens.

En ce qui concerne la culture et le sport beaucoup d’efforts furent faits pour mettre la Guinée au diapason des autres nations.

Ce que nous avons combattu c’était l’idéologie totalitaire et les crimes dont nous considérons que certains ne s’imposaient pas, d’ailleurs aucun crime ne s’impose.

Aujourdhui en rendant hommage aux pionniers de l’indépendance, je tire un trait sur l’idée de la conférence nationale que nous ne pourrons jamais organiser, vu l’implication de certains compatriotes de l’intérieur comme de l’extérieur dans une délation délirante qui a englouti injustement certains cadres importants de notre pays.

Le président Ahmed Sékou Touré était une personne donc faillible, surtout dans un contexte où la délation était devenue une pratique nationale et cela continue encore car certains ne sont pas arrivés à se défaire de cette ignoble attitude.

Arrivée à la soixante passée de quelques années après un combat pour la démocratie dans lequel du lycée et à maintenant, je me suis plongé dans une grande réflexion sur le sens de la vie dont je parlais avec un ami du club de philosophie dans lequel je me ressource souvent.

Certains de mes amis politiques risqueraient d’être choqués de mon changement vis à vis de la première république. Quelques expériences et rencontres sur les quelles je me suis plongé ces derniers temps m’ont amené à cette réflexion.

En effet très jeune j’ai eu à me frotter aux aînés tels Camara Laye (l’enfant noir), le professeur Kaké et certains militaires anciens combattants qui ont choisi l’armée française.

L’enfant noir et moi discutions tout une nuit entière de notre pays, lorsqu’il était de passage à Abidjan où il rendait visite à Kéïta Soriba fils de Mory Kéïta compagnon de Houphouët Boigny.

J’ai beaucoup appris à ses côté sur la Guinée mais aussi sur les traditions, il était le grand ami du commandant Diallo qu’il a sauvé après de difficiles négociations avec l’administration sénégalaise, mais aussi avec les autorités de l’ambassade de France au Sénégal.

En effet le commandant Diallo seul organisateur de l’agression du 22 Novembre 1970 devrait être extradé en Guinée par les autorités sénégalaises de l’époque, il fallu une bataille énorme de l’enfant noir pour empêcher cette ignoble décision des sénégalais. La France ne voulait pas non plus l’accueillir malgré son état d’officier français à la retraite.

Camara Laye a réussi avec beaucoup d’abnégation à sauver son frère et ami des griffes d’une exécution certaine en Guinée, au moment où certains proches du commandant le dénonçaient au président Ahmed Sékou Touré.

Aussi j’ai eu à côtoyer le docteur Accar Roger ancien ministre de la santé du premier gouvernement de notre pays. Etant président du Contact Export Europe Afrique collaborateur du groupe Spair de Monsieur Rolland Couteau, groupe devenu depuis Finarco, j’avais, par l’intermédiaire de mon ex bel oncle l’exclusivité sur la vente des cars rénovés de la société des transports de Douai dans le Nord de la France.

C’est ainsi que j’ai rencontré le Docteur Roger Accar qui voulait deux cars pour la Guinée. Le docteur m’a dit devant témoin quelque chose qui dépassait mon entendement : « le président Ahmed Sékou Touré m’appela un jour et m’a dit de partir vite de la Guinée si non ils vont me tuer », je lui ai demandé qui va te tuer, il répliqua il ne m’a pas dit qui, mais c’est ainsi que je suis sorti de la Guinée.

Nabi Youla ancien ambassadeur de la Guinée que le président Alpha Condé a rencontré et j’étais le seul témoin de la rencontre a dit qu’il n attaquera jamais Sékou Touré et qu’il était loin de participer aux actions qui lui sont reprochées par le pouvoir d’alors. Après nous avoir parlé de sa vie, il concluait qu’il refusera tous les colloques sur la personne de Sékou Touré. Il ne tiendra pas car je l’ai vu comme on le dit dans le jargon taper sur le président Ahmed Sékou Touré à la télévision guinéenne avec toute la verve qui lui restait, j’étais sidéré. Ainsi va le monde et les changements en Guinée.

La conférence nationale entraînerait énormément de dégâts dans notre pays car les gens seront surpris sur les personnes qui donnaient les noms avec des falsifications de documents. Des fois certaines arrestations n’étaient même pas connues par le président car la machine à un moment donné comme le dit quelqu’un était folle, du paroxysme de la folie, personne ne pouvait la contrôler. Pour illustrer cela l’arrestation de notre frère ami Kaba Fodé alias Fodegbè.

En effet un dignitaire de Kankan dont je tairai le nom avait un problème avec sa femme, elle réussit à fuir sur la Côte d’Ivoire à Abidjan, elle logera chez fodegbè ami d’enfance de son mari. Fodegbè est le jeune frère de Kaba Karamötoman responsable connu du front et après du regroupement des guinéens de l’extérieur, fodegbè lui même n’est pas militant politique. Le dignitaire de kankan se rend à Abidjan à la recherche de sa femme sur appel de son ami. Fodé réussit à les réconcilier et fait une valise à la femme et à son ami, paie leur transport retour sur Kankan. L’ami à son tour invite Fodé à Kankan et lui donne des garanties nécessaires de sa non arrestation s’il venait. Fodé enseignant de métier, vint à Kankan dès les premières vacances.

Le jour de son entrée à Kankan après plusieurs années d’absence il rencontra un ami d’enfance qui annonça au dignitaire de l’arrivée de son ami d’Abidjan. Pour montrer sa puissance il le fit convoquer à l’état major et part pour Mandiana. Après d’interminables interrogatoires, les miliciens de l’état major prirent la décision d’embarquer Fodé dans l’avion qui était de passage pour Conakry avec la mention mercenaire. Alerté par les amis d’Abidjan nous avons fait tellement de tapage,qui ont alerté le président Ahmed Sékou Touré.

La personne qui était ce jour à ses côtés nous a dit que le président a dit : « qui est celui là encore ? » et a immédiatement ordonné les enquêtes nécessaires et de lui tenir au courant,ce qui fut fait et il demanda de le libérer très vite.

C’était cela la Guinée, des clans se formaient à tous les niveaux et s’entre éliminaient par jalousie ou par la haine si non comment comprendre qu’on puisse accuser quelqu’un qui ne sait ni lire et écrire et qui vit au fond fin de la Guinée être membre du kgb, sdece, des services allemands, de la cia…. Tout cela m’amène aujourdhui à renoncer à la conférence nationale.

Il faudrait que nous trouvions un jour dans l’année pour rendre hommage à ceux qui nous ont libéré du joug colonial mais aussi à tous ceux qui ont été éliminés par la machine infernale, c’est notre histoire. Cela sera notre psycho drame comme Moreno l’initia après la seconde guerre mondiale, ça sera appelé le jour de la nation guinéenne.

Qu’est ce qu ‘il faudrait pour construire l’avenir

Ernst Bloch disait : « l’homme, avec le monde qui l’entoure, est une tâche à réaliser, un immense réservoir d’avenir ».

Afin d’éviter les erreurs du passé, il faudrait les Etats Généraux de l’opposition.

Actuellement chaque manifestation engendre son lot de morts, des jeunes se lancent des cailloux et des bouteilles, pourront nous continuer sur ce terrain sachant qu’il y a aussi plusieurs jeunes de notre pays qui se noient dans la traversée des Mers pour l’Occident ?

Afin d’éviter ces drames les cadres des différents partis doivent se rencontrer et dialoguer sur les méthodes à amener le pouvoir à respecter les lois de la république. Si nous voulons une alternance saine il faudrait que nous la préparions en corrigeant les erreurs du passé.

L’alternance bien préparée offre beaucoup d’avantages, elle renouvelle les élites, réveille la volonté politique, stimule les administrations, met fin aux clientélismes installés, bouscule les corporatismes établis, suscite de nouveaux chantiers, régénère le débat public.

Pour aller vers cette alternance, il faudrait que ceux qui veulent faire ou font la politique se rencontrent et fixent le cadre sain et nécessaire.

Le véritable démocrate est celui qui sait qu’en politique rien ne vaut vraiment qui ne soit démontré et argumenter pour convaincre.

Qu’est ce qu’argumenter ? ce n’est point affirmer péremptoirement, mais chercher en soi même, au fil de la discussion, des raisons qui vaillent pour autrui. Chercher, car rien n’est acquis. Si nous cherchons ensemble, nous pourrons donner force aux institutions de notre pays et faire aimer la politique à notre peuple.

La politique n’est pas l’argument de la force mais c’est la force de l’argument, c’est ainsi que nos aînés nous ont convaincu sur la nécessité du non en 1958.

A la prise du pouvoir par les militaires j’étais l’un des rare qui étais contre car je connaissais un peu le manque de culture politique de notre armée, suite à la surveillance et délation qui y régnait en son sein. Aussi elle était complètement divisée et « clanisée ».

Je savais que nous aurions pu dialoguer avec Béavogui, dialogue que le président Ahmed Sékou Touré avait commencé en rencontrant Charles Diané à Libreville.

Chaque parti politique au delà des leaders que nous devons à l’avenir cesser de déifier pour ne pas encore créer une nouvelle dictature, peut déléguer des cadres dans différents domaines afin des rencontres sur tout ; cela est possible si nous avions la volonté politique. Cela fut fait dans le passé pourquoi pas aujourdhui, au lieu de s’insulter ?

En 1992, nous avons réuni tout le monde chez le doyen Bah Mamadou pour dire au général Conté que son discours de l’indépendance n’allait pas dans le sens de l’histoire et qu’il fallait absolument qu’il accepte le multipartisme puisqu’il ne voulait pas de la conférence nationale et aidé en cela par certains qui n’en voulaient pas aussi. Notre pays ne peut pas faire de l’injure comme argument politique, nous pouvons débattre de manière civilisée. Tout dans l’existence est en fonction de l’avenir.

Le passé est un champ de souvenirs, l’avenir est un faisceaux de projets, de possibles, d’espérances, de liberté, car nous avons encore à choisir entre des possibles où à en créer d’autres. L’opposition doit chercher les voies et moyens pour contrer les opportunistes en mal de place qui crient au troisième mandat au moment où notre pays croûle sous le poids des ordures. Ils font du mal au pays en montrant la Guinée comme étant un pays en crise ce qui sera un obstacle de l’arrivée  d’éventuels investisseurs.

Les manifestations non préparées avec l’accord de tous, sont vouées à l’échec : souvent organisées par l’UFDG de bonne augure, mais il faut convaincre les autres partis si non cela singularise leur parti et devient une aubaine pour le pouvoir. Notre armée n’est pas habituée à canaliser les manifestations, elle n’y est pas préparée, suite aux différentes situations politiques de notre pays.

Des défis immenses nous attendent dans ce pays il faudrait que nous en parlions et cherchions les vois et moyens que certaines situations désagréables nous arrivent : l’intégrisme religieux, l’éducation des jeunes surtout des filles qui sont précocement livrées aux prédateurs, l’exploitation des jeunes filles par certaines femmes, la sécurité, la santé ,…

La lutte contre la corruption qui gangrène notre pays doit faire l’objet de débat, envisager la mise en place d’une justice exceptionnelle contre ceux qui volent les Biens de l’état.

Une histoire totale ne peut être qu’une histoire des possibles humains, la recherche et la reconquête des dimensions perdues de l’homme à travers les occasions perdues de l’histoire.

De ce point de vue, l’important est de souligner qu’à chaque époque de l’histoire plusieurs possibilités étaient ouvertes et qu’une seule s’est réalisée. En un mot nous ne pouvons défataliser l’avenir que si nous défatalisons l’histoire.

Toute ma vie fut marquée par les pendaisons, cela m’a tellement marqué que j’y ai fait des recherches et ma conclusion j’en ai  tiré et je suis sûr et certain, du fond de mon coeur que ni Magassouba Moriba, ni Barry 3, Baldé Ousmane, Kéïta Kara n’avaient rien à voir avec cette histoire, ils furent des victimes, des victimes d’une panique générale.

L’avenir, nous ne le découvrons pas comme Christophe Colomb découvrit l’Amérique. Nous n’avons pas à le découvrir mais à l’inventer. L’homme se définit que par son avenir, par ses possibles, nous ne pouvons que regarder notre histoire que du point de vue du futur.

Faisons tout pour faire revivre nos morts politiques parce que les morts ont un avenir, il faut que nous nous disions que l’histoire n’est pas la cité des morts, la lente et inéluctable dérive d’un fleuve figé par le gel. Nous devrions à prendre contact avec notre histoire et arrêter de dire des mensonges aux enfants, cela engendre des conflits.

J’ai pensé l’année dernière d’organiser des séminaires entre les jeunes de différentes régions afin qu’ils se connaissent : des enfants du Fouta passent des vacances en Haute Guinée et vice versa pour qu’ils connaissent et je vous assure qu’ils ne se connaissent plus, je ne parle pas de ceux qui sont à Conakry.

Notre combat politique doit prendre comme ligne de mire, tendre vers le bonheur qui est la création, la participation de la création continuée d’un homme toujours plus un, d’un monde toujours plus humain. On ne cherche le plaisir que si on n’a pas le courage d’avoir le bonheur cela m’amène au sens de la vie.

Nous devrions nous aimer car l’amour est le sens de la vie, car aimer celui ou celle qu’on aime c’est accueillir son imprévisible liberté. Aimer son ennemi ce n’est pas lui laisser le champ pour la  destruction c’est accepter son changement et le libérer de ce qui empêche sa floraison : libérer l’esclave de la misère et de l’oppression, libérer le maître de sa propriété et de son pouvoir, qui sont tout aussi aliénants. Dire absolument il faudrait que je sois président ou bien que mon ethnie soit président cela changera quoi à la condition de vie de nos concitoyens ?

Il faudrait que nous acceptions de nous aimer et je propose que nos autorités réfléchissent sur les moyens de criminaliser certains propos à caractère ethnique car dans tout il existe des incontrôlables, il faut certes les aimer les amener à comprendre que l’amour qui n’existe que par le pari de la création, par la foi, par l’espérance est le sens de la vie.

Dieu nous a octroyé l’esprit et le corps pour nous permettre de continuer la création et devrons donner sens à notre vie à proposer au lieu d’exhiber l’ethnie souvent dans lequel certains n’ont rien de commun.

Vive la Guinée, vive la république !

Dioubaté Mamadi (Sékouba)

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