Vous mentez, M. Kaba Mansour !

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GBK M. Kaba Mansour, président de Dyama, un petit parti ethnique et familial, s’est fendu, le 30 juillet 2013, sur le site ActuConakry.net, d’une pétition appelant à « la création d’un mouvement citoyen à but unique : l’abolition de l’esclavage au Fouta Djallon ».

{jcomments on}J’ai été, de prime abord, abasourdi par ce document abracadabrantesque. Mais, cela n’est nullement étonnant de la part du plus ethnocentriste des leaders politiques guinéens et dont toute l’action s’inscrit dans la trajectoire de l’idéologie raciste anti-peul.

Sur ce document de trente lignes, j’ai compté six contre-vérités. Chacun de ses six alinéas est un mensonge grossier. De toute évidence, Kaba Mansour n’a jamais mis les pieds au Fouta Djallon auquel cas il aurait cru naïvement et bêtement des monstruosités qu’on lui aurait racontées, ou alors il est d’une mauvaise foi inqualifiable, indigne d’un leader politique.

Il commence sa pétition en affirmant : « Savez-vous qu’à la fin de ce saint mois de Ramadan, en ce XXIe siècle, et en République de Guinée, des compatriotes vont aller saluer d’autres compatriotes en se courbant « à quatre pattes » devant ceux-ci, qui sont considérés comme "nobles", et qui vont prendre leur dos comme repose-pieds ? »

Rappelons que l’esclavage a été pratiqué dans toutes les sociétés africaines, y compris toutes les sociétés guinéennes sans exception. Au Fouta Djallon, il s’agissait de ce que les sociologues appellent l’« esclavage domestique ». Celui qui y était assujetti faisait partie intégrante de la famille peule, parlait cette langue, portait un nom peul et était affranchi, selon la tradition islamique, lorsqu’il s’instruisait en science coranique, et pouvait épouser une femme peule. Il pouvait même acquérir le titre de « Thierno », après avoir suivi la lecture complète du Coran. Ce système a été aboli en Guinée, en 1957, c’est-à-dire il y a plus de 50 ans à la suite de la mise en œuvre de la loi-cadre Gaston Deferre. Même aux temps les plus reculés de l’Etat théocratique du Fouta Djallon, jamais le « maître » ne s’est permis de se servir du dos de l’« esclave » comme d’un repose-pied. Cela n’a existé que dans l’imagination extravagante du raciste Kaba Mansour (pour une critique exhaustive de la pétition de Kaba Mansour, lire Sadio Barry, administrateur du site Guineepresse.info : « Guinée : quelles sont les véritables motivations de Mansour Kaba ? »).

Ce dernier poursuit son hallucinante logorrhée comme suit : « Savez-vous qu’aujourd’hui encore, en ce XXIe siècle, et en République de Guinée, certains citoyens guinéens sont obligés, du fait de leur état d’esclaves, de sacrifier des boucs noirs à la place du bélier blanc du prophète Abraham ? »

Incroyable ! Je ne pouvais pas imaginer qu’on pût porter l’ignominie à un tel paroxysme. Originaire du Fouta Djallon, je n’ai jamais entendu pareille aberration. Qui d’autre est au courant d’une telle pratique ? Je voudrais qu’on en apporte la preuve.

Autre contre-vérité : « Savez-vous qu’aujourd’hui encore, en ce XXIe siècle, et en République de Guinée, des érudits en sciences coraniques ne peuvent pas diriger la prière des croyants, du fait de leur état d’esclaves … ? »

Pour diriger la prière, il faut avoir la qualité d’imam, c’est-a-dire avoir de solides connaissances coraniques. Toute personne ayant cette qualité, quelle que soit son origine, est habilitée à diriger la prière. Il est impensable que les Peuls, qui ont introduit l’Islam dans cette région, puissent déroger à cette obligation religieuse, auquel cas ils ne seraient plus musulmans. Cette assertion de Kaba Mansour ne peut convaincre aucune personne sensée.

Le mensonge suivant est encore plus gros que les précédents : « Savez-vous qu’aujourd’hui encore, en ce XXIe siècle, et en République de Guinée, des compatriotes sont spoliés du fruit de leur labeur en zone rurale, au Fouta Djallon, parce que condamnés à travailler toute leur vie pour les « nobles » qui leur promettent le Paradis grâce à leurs bénédictions ? »

Là, Kaba Mansour fait un savant et machiavélique amalgame avec ce qui se passe au sein de la confrérie Mouride au Sénégal. Cette pratique n’existe plus au Fouta Djallon depuis l’abolition de l’esclavage en Guinée en 1957.

Tout au long de son ignoble pétition, Kaba Mansour passe d’un mensonge à un autre : « Oui, écrit-il encore. Allez au Fouta Djallon [ce qu’il aurait dû faire avant de le recommander à d’autres], visiter les « Rundè » et les « Foulah-so » pour constater de visu les conditions de vie et de travail de ceux qui ont été soumis à un système d’esclavage inhumain, dégradant et mesquin, depuis la victoire des Peuls islamisés à la bataille de Talansan en 1730 contre les Peuls, les Maninkas et les Djallonkas, alors animistes. »

Même un voyageur peu attentif peut aisément observer qu’il n’existe pas de dualisme entre Rundè et Foulah-so, mais interpénétration et liaison organique entre les deux communautés. Il y a consubstantialité entre elles, qui cohabitent dans la paix et l’harmonie sociales depuis des lustres. Elles partagent les mêmes coutumes et les mêmes habitudes d’esprit. Les relations matrimoniales entre elles sont devenues monnaie courante. C’est justement ces liens de solidarité que le RPG-Arc-en-ciel et ses extrémistes comme Kaba Mansour cherchent à l’heure actuelle à briser pour opposer les deux communautés dans le secret espoir de rallier l’une contre l’autre. Ce projet machiavélique échouera lamentablement.

Kaba Mansour poursuit son œuvre destructrice en affirmant sournoisement : « Il ne s’agit pas de soutenir ou de combattre une quelconque ethnie, car des Peuls (les Poulli de Koly Tenguéla) sont aujourd’hui encore également soumis à ce système esclavagiste suranné. »

A beau mentir qui vient de loin ! Les Poulli sont les Peuls d’avant l’Islam, qui ont aujourd’hui complètement disparu. J’aimerais bien rencontrer quelqu’un qui connaît un Poulli, qu’il me décrive comment est physiquement cet homme. Je n’en ai jamais vu. Kaba Mansour peut-il m’en montrer un ?

Comment appelle-t-on quelqu’un qui profère des contre-vérités ? C’est tout simplement un menteur.

Vous mentez, M. Kaba Mansour. Effrontément et sans vergogne. Il n’y a plus d’esclavage au Fouta Djallon depuis bien longtemps.

Vous cherchez à vous concilier Condé Alpha en vous abritant derrière le petit doigt du RPG-Arc-en-ciel et faire oublier les manœuvres sordides que vous menez à visage masqué contre ce dernier, en espérant récolter le vote malinké après sa chute.

Vous avez été le premier à révéler que Condé Alpha a des origines burkinabè. Je vais vous rafraîchir la mémoire.

En janvier 2010, je vous ai rencontré fortuitement à Bata, la capitale économique de la Guinée Equatoriale. Nous nous connaissons depuis Abidjan durant la période 1973-1976 (j’étais alors président de l’AEEGCI, l’Association des élèves et étudiants guinéens en Côte d’Ivoire). Lors de cette rencontre fortuite à Bata, nous avons eu un long entretien. Vous m’avez appris, à ma grande surprise, que le vrai patronyme du père de Condé Alpha était Koné et qu’il était Voltaïque (on dirait aujourd’hui Burkinabè). Son père était, m’avez-vous dit, le cuisinier d’un administrateur colonial (on disait à l’époque commandant de cercle), qui l’avait emmené avec lui à Boké en Basse-Guinée lorsqu’il y a été affecté. Son père a adopté le nom de Condé, pour mieux s’assimiler à la communauté malinké guinéenne.

Vous m’avez encore dit que lorsque Condé Alpha et vous, vous êtes rencontrés à Paris, à la fin des années 1950, il a voulu se faire passer pour un originaire de Kankan. « Si tu étais de Kankan, je t’aurais connu dans l’adolescence », lui aviez-vous rétorqué.

Pis, vous m’avez expliqué l’origine de l’ethnocentrisme de Condé Alpha. A l’époque coloniale, les mouvements revendicatifs des Guinéens se sont faits d’abord au sein d’organisations à base ethnique : Groupe Mandé en Haute guinée, Amicale Gilbert Vieillard en Moyenne Guinée… D’après vous, le père de Condé Alpha a participé à la mise sur pied du Groupe Mandé. C’est dans cette ambiance ethnocentrique caractérisée par une doctrine anti-peul que Condé Alpha aurait évolué, du moins jusqu’à l’adolescence, ce qui expliquerait son racisme anti-peul.

Vous-même Kaba Mansour, vous êtes un ethnocentriste fieffé. Je me rappelle qu’en 1976, lors de la préparation d’un congrès du RGE, le Regroupement des Guinéens de l’étranger, l’ancêtre de tous les mouvements de lutte pour l’instauration de la démocratie et de l’Etat de droit en Guinée, après l’Indépendance, à l’époque dirigé par Siradiou Diallo, vous aviez tenté de fomenter une fronde, sous la bannière de l’ethnocentrisme, contre le leadership de celui-ci, tentative qui avait lamentablement échoué.

Je sais que vous êtes de la branche Kèfina des Kaba, qui vous croyez au-dessus des autres Maninka-mori, et à plus forte raison, des autres Malinkés.

J’appelle tous les Guinéens de bonne volonté à se lever pour combattre l’idéologie discriminatoire et raciste des Kèfina ‒ à laquelle se rattache Diané, directeur de cabinet de Condé Alpha ‒, qui veulent instaurer leur suprématie sur la Guinée.

Pour finir, Kaba Mansour prône la mise sur pied d’une Assemblée nationale pour soi-disant voter une « loi pour l’abolition de l’esclavage au Fouta Djallon ». De fait, il rêve d’un Parlement anti-peul pour perpétuer le régime fasciste et raciste du RPG-Arc-en-ciel.

Les fascistes ne passeront pas en Guinée !

Alpha Sidoux Barry
Directeur de publication de GuineeActu, partenaire de Gbassikolo.com

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